OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le jour où Instagram découvrit le web http://owni.fr/2012/11/16/le-jour-ou-instagram-decouvrit-le-web/ http://owni.fr/2012/11/16/le-jour-ou-instagram-decouvrit-le-web/#comments Fri, 16 Nov 2012 10:11:47 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=126068

À l’heure où Instagram publie des photos aériennes prises par un drone, à l’heure où l’on visionne ses photos sur un pico projecteur, à l’heure où je vous publie chaque jour un dessin sur cette même plateforme, Instagram ouvre enfin son service au web sous forme de page galerie personnelle. Petite révolution pour libérer les photos du téléphone de millions d’utilisateurs, premier pas vers l’absorption d’Instagram par Facebook ou évolution de l’expérience utilisateur ? Aujourd’hui, on fait un petit tour par ce grand saut sur le web.

Instagram, du mobile au web

Il ne vous est plus nécessaire d’avoir un smartphone ou de passer par des services tiers (webstagram, statigram, etc.) pour accéder aux galeries de vos photographes amateurs préférés. Instagram est un enfant du smartphone, né de la mobilité, de la photo et des réseaux sociaux, il aura quand même mis du temps à faire le pont entre mobile et web.

Mais pourquoi Instagram lance ses profils web maintenant ?

Kevin Systrom, le CEO d’Instagram affirme qu’il attendait le bon moment avant de sortir les galeries web de ses 100 millions d’utilisateurs. En réalité, l’idée est de se positionner également pour les entreprises qui utilisent Instagram dans le cadre de leur promotion dans les médias sociaux. La version web du compte Instagram de Nike est sorti avec les premiers exemples. Ce changement est tout simplement une façon facile de rendre ces contenus disponibles pour tous les utilisateurs, en particulier ceux qui n’ont pas de smartphone sur iOS ou Android.

Sur le web, en plus de l’affichage de photos d’un utilisateur et de ses informations, vous pouvez aussi faire des choses telles que suivre cet utilisateur, commenter.

L’Interface

La chose la plus frappante sur les profils web est sa ressemblance avec la timeline de Facebook ! Graphiquement c’est à s’y méprendre tant l’inspiration est grande. Mais étrangement, nous ne sommes pas exactement dans les mêmes dimensions, et quelques subtilités ont été mises en place.

Une élégante animation lors du survol de la souris laisse place à la date, au nombre de commentaires et de likes, la mosaïque tout en haut offre un changement régulier des photos dans des petites cases qui forment une grille. Cette mosaïque justement occupe toujours la même disposition et n’est pas sans rappeler la photo de couverture des profils sur Facebook.

Typographie & interactivité

Côté typographie, Instagram utilise du Proxima Nova, une police d’écriture totalement revue en 1994. Entre du Futura et de l’Akzidenz Grotesk, le Proxima s’avère être assez élégant et très actuel, très inscrit dans la tendance.

Pour l’interaction c’est très simple, rien de révolutionnaire, il suffit de cliquer sur une photo et elle apparaîtra en taille réelle aux côtés des likes et des commentaires. On se rendra hélas compte à ce moment que la résolution des photos et parfois médiocre. En effet, pas de souci pour l’affichage sur mobile mais lors d’un affichage sur écran d’ordinateur cela s’avère plus délicat.

Une semaine après, de réels changements ?

Une semaine après son ouverture sur le web, de nombreux “Instagrameurs” redécouvrent leurs photos, on échange des albums sur Twitter, la vision d’ensemble se dessine et l’oeil de chacun peut mieux constater le talent de tel ou tel photographe. Pour ma part j’ai redécouvert ma galerie Instagram et j’ai découvert de nombreux artistes qui détournent Instagram comme le peintre japonais Ostatosh, les ambiances suédoises de Cimek, le dessinateur Dika ou encore l’univers typographique de Frank.

L’avenir ?

Peut-être qu’à l’instar de son cousin Pinterest, Instagram proposera des versions “privées” en ligne ? À l’heure actuelle, les profils privés sur l’application mobile apparaissent comme “vides” sur la version web. Le lien entre mobilité et interface ordinateur soulève souvent des questions de ce genre, la réponse est dans le camp des designers et des développeurs — sans oublier évidemment l’éthique qu’un tel service se doit d’avoir.

De même, il est tout à fait possible d’imaginer à l’avenir une version “blog” d’Instagram en pouvant, pourquoi pas, créer des “boards” comme sur Pinterest ou des articles comme sur Tumblr. La base du service reposant sur le partage de photos (avec ses filtres), le like et le commentaire — mais Facebook occupant la place du plus gros réseau social au monde — ça va être à Instagram (et donc désormais à Facebook), de tirer son épingle du jeu pour rester innovant et fédérer les amoureux de l’image que nous sommes.

En attendant, sur Instagram web ou Instagram mobile, on trouve de tout, des gansters aux enfants fortunés en passant par l’ouragan Sandy. La vie donc…

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Mordre les photographes http://owni.fr/2012/09/19/mordre-les-photographes-upp/ http://owni.fr/2012/09/19/mordre-les-photographes-upp/#comments Wed, 19 Sep 2012 10:41:48 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=120403

Fortement bouleversé depuis plusieurs années par les évolutions du numérique, le secteur de la photographie professionnelle s’organise et réagit pour proposer des solutions au gouvernement. Ainsi, L’Union des Photographes Professionnels (UPP) propose un Manifeste des photographes en huit points, indiquant des pistes par lesquelles le législateur pourrait agir pour améliorer leur condition.

Après une première lecture, ma première envie a été de les mordre… littéralement ! Tellement ce manifeste constitue en réalité une déclaration de guerre contre la culture numérique.

Par exemple, les photographes professionnels sont engagés dans une véritable croisade contre la gratuité et les pratiques amateurs, qui sont effectivement massives dans le domaine de la photographie. Ils confondent dans une même invective les microstocks photo (banque d’images à bas prix, comme Fotolia) et des sites de partage d’images, comme Flickr ou Wikimedia Commons, où les internautes peuvent rendre leurs photographies réutilisables gratuitement par le biais de licences Creative Commons (plus de 200 millions sur Flickr et plus de 10 millions de fichiers sur Commons).

Leur hantise est que ces photographies gratuites puissent être réutilisées par des professionnels de l’édition (dans le cas où la licence utilisée ne comporte pas de clause NC – pour NonCommercial). Lesquels auraient dû être obligés – dans leur esprit – de se tourner vers eux pour se procurer des images contre espèces sonnantes et trébuchantes. D’où l’impression que l’explosion des pratiques amateurs constitue une insupportable concurrence, qui serait la cause des difficultés touchant leur secteur d’activité.

Et leur projet, pour lutter contre ce phénomène, consiste tout simplement à interdire la gratuité, ou plus exactement comme nous allons le voir ci-dessous, à rendre la gratuité… payante !

Cet élément constituerait déjà à lui seul une raison suffisante pour avoir envie de les mordre. Mais en poursuivant la lecture de leurs propositions, on se rend compte que l’UPP soutient aussi… la licence globale !

Concernant l’utilisation d’oeuvres par des particuliers sur le web, nous constatons que le dispositif répressif instauré par la loi “Création et Internet” est inopérant et illusoire dans le secteur des arts visuels. À ce jour, les photographes, ne perçoivent aucune rémunération en contrepartie de ces utilisations.

L’UPP s’est prononcée dès 2007 en faveur de la mise en place d’une licence globale pour les arts visuels, dispositif équilibré, qui vise à concilier l’intérêt du public et la juste rétribution des auteurs.

Cette prise de position mérite considération, car les photographes professionnels doivent être aujourd’hui l’un des derniers corps de professionnels de la culture à soutenir la licence globale (dans le domaine de la musique, les interprètes de l’ADAMI et de la SPEDIDAM la soutenaient – ce sont même eux qui ont inventé cette proposition – mais ils ont aujourd’hui modifié leurs positions).

Alors que la Mission Lescure sur l’acte II de l’exception culturelle va commencer ses travaux (et devra se pencher aussi sur le cas de la photographie), j’ai décidé, plutôt que de faire un billet assassin au sujet de ces propositions, d’essayer de comprendre le point de vue de l’UPP.

Un regard objectif

Fortement impacté par les possibilités de dissémination induites par le numérique (quoi de plus simple et de plus incontrôlable que de faire circuler une photographie sur Internet ?), les photographes ont réalisé qu’un dispositif comme celui d’Hadopi est inefficace et ne peut leur être d’aucun secours. Aussi sont-ils prêts à accepter de laisser circuler les contenus, en échange d’une compensation. Ils tirent les conséquences d’un des aspects de la révolution numérique et leur point de vue, en ce sens, est louable.

Facebook droit sur Instagram

Facebook droit sur Instagram

En achetant au prix fort Instagram, le géant Facebook peut surtout prendre le contrôle des droits d'auteurs sur des ...

Mais je voudrais leur expliquer ici en quoi leur opposition aux pratiques amateurs est insupportable, en cela qu’elle nie le propre de ce qu’est la culture numérique (la capacité donnée au grand nombre de créer). Il y a même là une incompréhension totale de la valeur à l’heure du numérique. Comment expliquer en effet que les photographes professionnels soient en crise grave, mais que dans le même temps Instagram soit racheté par Facebook pour la somme mirobolante de un milliard de dollars ? C’est bien que la photo amateur a une valeur, très importante, et l’un des enjeux de la réflexion conduite dans le cadre de la mission Lescure devrait être d’empêcher que cette valeur soit captée uniquement par des plateformes ou des géants du web, comme Facebook.

On associe plutôt le modèle de la licence globale à la musique ou au cinéma (les internautes paient une somme forfaitaire mensuelle pour pouvoir partager en P2P des fichiers). Mais l’idée avancée par l’UPP d’appliquer un financement en amont à la photographie n’est pas absurde. La seule différence (et elle est énorme!), c’est qu’il faut le faire sur le mode de la contribution créative, et non de la licence globale. Les deux systèmes diffèrent dans la mesure où la licence globale rétribue uniquement les créateurs professionnels, alors que la contribution créative s’étend aussi aux productions des amateurs.

Mauvais réflexe

Il y a beaucoup de choses irritantes avec les photographes professionnels, notamment une forme de double discours. Ils poussent les hauts cris lorsque le droit d’auteur des photographes est violé, mais enfreindre celui des autres ne semble pas tellement les déranger.

Sur le site de l’UPP, on trouve par exemple un billet récent dans lequel est signalé la parution d’un article consacré au droit d’auteur dans la photographie sur Nikon Pro Magazine. Mais plutôt que d’en faire un résumé, l’UPP y va franco ! Ils scannent l’article et mettent le fichier en téléchargement, ce que ne permet aucune exception en droit français (la revue de presse n’est ouverte qu’aux professionnels de la presse). Que n’auraient-ils dit si c’était une photographie qui avait fait l’objet d’un traitement aussi cavalier !

Mais passons sur l’anecdote. Le plus contestable reste la manière dont l’UPP veut mettre fin à la gratuité du partage des photographies en ligne. Cette organisation s’est déjà signalée par exemple en saisissant le Ministère de la Culture pour essayer de faire interdire le concours Wiki Loves Monuments, au motif que des professionnels pourraient reprendre gratuitement les photos placées sous licence libre sur Commons.

Dans leur programme, le moyen qu’ils envisagent pour empêcher cette forme de « concurrence » est vraiment cocasse :

Nous sommes favorables à une modification du Code de la propriété intellectuelle, prévoyant que l’usage professionnel d’oeuvres photographiques, est présumé avoir un caractère onéreux.

Cette phrase est fantastique, quand on réfléchit à ce qu’elle signifie. En gros, un professionnel – imaginons un commerce cherchant une image pour illustrer son site Internet – ne pourrait utiliser gratuitement une photo sous licence libre trouvée sur Wikimedia Commons ou sur Flickr. Il lui faudrait payer, alors même que l’auteur du cliché a sciemment décidé qu’il voulait autoriser les usages commerciaux sans être rétribué. Selon l’UPP, il faudrait donc bien payer… pour la gratuité !

Mais à qui faudrait-il que le professionnel verse cette rétribution ? C’est là que les choses deviennent fascinantes. Plus loin, l’UPP dit qu’elle est en faveur de la mise en place d’un système de licence collective étendue pour les exploitations numériques, ce qui signifie qu’ils veulent qu’une société de gestion collective (une sorte de SACEM de la photo) obtienne compétence générale pour délivrer les autorisations d’exploitation commerciale des photos et percevoir une rémunération. Dans un tel système, tous les auteurs de photographies sont réputés adhérer à la société. Ils ne peuvent en sortir qu’en se manifestant explicitement auprès d’elle (dispositif dit d’opt-out).

Pour reprendre l’exemple de la photo sous licence libre sur Wikimedia Commons, cela signifie donc que son auteur devrait envoyer un courrier à la société pour dire qu’il refuse d’être payé. Sinon, le commerce dont nous avons parlé plus haut devrait payer la société de gestion, qui reversera le montant à l’auteur (non sans avoir croqué au passage de juteux frais de gestion). Et voilà comment l’UPP imagine que la gratuité deviendra impossible (ou très compliquée) : en “forçant” les amateurs a accepter des chèques de société de gestion collective !

Ubuesque !

Mais en fait pas tant que cela…

Un peu de profondeur de champ

En réalité, ce sont les présupposés idéologiques des photographes professionnels – le rejet de la culture amateur, la guerre forcenée au partage et la croisade contre la gratuité – qui rendent leurs propositions aussi aberrantes.

Au front de la révolution du droit d’auteur !

Au front de la révolution du droit d’auteur !

Poser les fondements d'une réforme du droit d'auteur et du financement de la création : tel est l'objet d'un nouveau ...

Mais si au contraire, on considère comme un fait positif pour la culture que la photographie soit devenue une pratique largement répandue dans la population (démocratisation) et si l’on admet que la mise en partage volontaire des contenus par leurs auteurs est bénéfique d’un point de vue social, alors on peut penser d’une manière constructive le fait de récompenser tous les créateurs qui participent à l’enrichissement de la Culture sur Internet, qu’ils soient professionnels ou amateurs.

Et c’est précisément ce que veut faire la contribution créative, telle qu’elle est proposée par Philippe Aigrain notamment, dans les “Éléments pour une réforme du droit d’auteur et des politiques culturelles liées“.

Dans ce système, la première étape consiste à mettre fin à la guerre au partage, en légalisant le partage non-marchand des œuvres entre individus. La seconde vise à mettre en place une contribution (un prélèvement obligatoire de quelques euros versés par les individus pour leur connexion Internet), destinée à récompenser (et non à compenser) les créateurs de contenus. Le montant global de cette rémunération (qui peut atteindre un milliard selon les estimations de Philippe Aigrain) serait à partager entre les différentes filières culturelles, et l’on peut tout fait y faire entrer la photographie. Cette rémunération ne concernait pas seulement le téléchargement, mais aussi l’usage des œuvres, que l’on pourrait mesurer en fonction du nombre de visites des sites, des rétroliens ou des partages sur les réseaux sociaux.

Dans ce dispositif, le photographe professionnel, qui met en ligne ses clichés, ne peut plus s’opposer à ce qu’ils circulent sur Internet. Mais de toute façon, il est extrêmement difficile d’empêcher que les photos se disséminent en ligne et les photographes agissent rarement contre les reprises faites par de simples particuliers, sans but commercial. En revanche, les photographes seraient tout à fait fondés à toucher une récompense monétaire, à hauteur de l’usage de leurs œuvres en ligne.

Ce système ne les empêcherait pas par ailleurs de continuer à toucher aussi des rémunérations pour les usages commerciaux, opérés par les professionnels (sites de presse ou usage promotionnel par des commerces ou des marques, usage par des administrations, etc). De ce point de vue d’ailleurs, le programme de l’UPP contient des mesures intéressantes et même nécessaires (lutte contre l’usage abusif du D.R., rééquilibrage des pratiques contractuelles, voire même cette gestion collective obligatoire).

Mais la contribution créative s’appliquerait aussi aux amateurs. C’est-à-dire que l’internaute qui partage ses photographies sur Flickr, sur Wikimedia Commons ou sur son site personnel, est elle aussi fondée à être récompensée, car elle contribue à enrichir la culture par sa production. En fonction du taux de partage/usage de ses clichés, l’amateur pourra donc toucher une rétribution, par redistribution d’une part de la contribution créative.

Une autre photo de la guerre du web

Une autre photo de la guerre du web

Passée la dimension policière de l'évènement, l'affaire MegaUpload a ravivé les débats sur la gestion des droits ...

On en arrive donc, paradoxalement, à un système pas si éloigné de la “machine de guerre” contre la gratuité imaginée par l’UPP : des amateurs, qui n’auraient pas forcément créé des œuvres dans un cadre professionnel, pourraient toucher une rétribution. Sauf que dans le dispositif conçu par Aigrain, les personnes désireuses de toucher les récompenses devraient se manifester, en s’enregistrant (système d’opt-in et non d’opt-out). Par ailleurs, les récompenses ne seraient versées que si elles atteignent un montant minimum chaque année (pour ne pas qu’elles coûtent plus cher à verser que ce qu’elles rapportent effectivement aux créateurs).

Au lieu de fonctionner sur une distinction amateur/professionnel, la contribution créative fonctionne sur une distinction entre les créateurs qui veulent toucher une récompense et ceux qui ne le souhaiteront pas (certainement très nombreux dans le domaine de la photographie).

La contribution créative, (photo)réaliste ?

La mise en place de la contribution créative dans le domaine de la photographie soulève néanmoins des difficultés particulières, et sans doute davantage que dans le secteur de la musique et du film.

Le problème réside dans la difficulté d’attribuer les photographies à leurs auteurs, alors qu’il est si simple de faire circuler, de modifier ou d’enlever le filigrane ou les métadonnées des fichiers des photographies. C’est en fait à la fois une question technique et une question de respect du droit moral des photographes. Sur ce terrain, les combats de l’UPP sont absolument fondés et ils rejoignent également les valeurs des tenants de la Culture Libre (souvenez-vous les protestations de Wikipédia contre les récupérations de Houellebecq).

Comment faire en sorte que le lien entre l’auteur et ses photographies ne se rompent pas au fil de la dissémination ? Je pense en fait que la solution est moins d’ordre technique, ni même juridique, que dans la manière dont les photographes géreront leur identité numérique et leur présence en ligne. A mon sens, une manière de contrôler la dissémination consiste pour les photographes à organiser eux-mêmes le partage de leurs contenus sur la Toile.

Un exemple permettra de comprendre de quoi il retourne. Le photographe professionnel américain Trey Ratcliffe, spécialisé dans la photo de, voyage et la HDR, a déjà adopté une stratégie globale de dissémination de ses contenus sur Internet. Il tient un blog photo très populaire – Stock In Customs - ; il diffuse ses photographies sur Flickr par le biais d’albums ; il est présent sur Tumblr où ses images sont très largement partagées et il va même jusqu’à organiser des « Expositions » sur Pinterest en retaillant ces photos spécialement pour qu’elles s’adaptent à cette interface.

Le résultat de cette stratégie “d’ubiquité numérique” est que le taux de fréquentation de ses sites et de partage de ses contenus est très fort, comme il le dit lui-même :

La licence Creative Commons augmente le trafic sur mon site où nous pouvons où nous pouvons ensuite octroyer des licences pour des photos à but commercial. Mes photos ont été consultées plus de 100 millions de fois sur mon site principal. En outre, j’ai plus de deux millions d’abonnés sur Google+.

Il augmente par ce biais sa notoriété et se construit une identité numérique très forte. Par ailleurs, l’ensemble des “lieux” où Trey Ratcliffe partage ses photos lui assurent une attribution claire de ses images, puisque que c’est lui-même qui les poste : son blog, Flickr, Tumblr, Pinterest, Google+, Twitter, etc. Bien sûr, il y a nécessairement des “fuites”, avec des reprises sauvages de ses clichés sans respect de son droit à la paternité. Mais elles sont soutenables, vu le trafic que la diffusion contrôlée des images assure par ailleurs à l’artiste.

Actuellement, Tray Radcliffe utilise une licence CC-BY-NC-SA, ce qui signifie qu’il autorise les usages non commerciaux et fait payer les usages commerciaux. C’est son business model et il a l’air de fonctionner remarquablement. Mais dans un système de contribution créative, il ne fait pas de doute qu’un photographe comme lui tirerait encore mieux son épingle du jeu, car il toucherait également une récompense pour les partages non-marchands de ses œuvres.

Dans l’article signalé plus haut de Nikon Pro Magazine, voici le point de vue, sans doute représentatif des photographes professionnels sur cette démarche :

Cette stratégie fonctionne, mais beaucoup estiment qu’elles déprécient la photographie et diminue les possibilités de gagner de l’argent pour ceux qui ont besoin de revenus afin de maintenir un standard élevé et de financer des projets.

Conception absurde de la valeur ! L’usage donne de la valeur aux œuvres, il ne les déprécie pas. Et aux Etats-Unis, certains photographes qui ont besoin de financements lourds pour monter des projets savent utiliser la plateforme de crowdfunding KickStarter.

Le point clé pour les photographes à l’ère du numérique, ce n’est pas de lutter contre le partage, mais de comprendre les rouages de l’économie du partage qui est en train de se mettre en place et de développer une agilité numérique suffisante pour tirer profit des forces de la dissémination.

Retirer l’obturateur

Cet exemple des photographes professionnels est important, notamment dans le cadre de la Mission Lescure qui s’annonce. Il montre en effet que la ligne de fracture entre les titulaires de droits et les tenants de la Culture Libre se situe essentiellement au niveau de la reconnaissance de la légitimité des pratiques amateurs et de leur nécessaire prise en compte dans les mécanismes de financement de la création.

Si ce point de désaccord était levé entre ces deux partis, il serait possible de se retrouver sur d’autres sujets (respect du droit moral et de la paternité, mise en place de contrats plus favorables aux auteurs, amélioration des systèmes de gestion pour rémunérer les usages commerciaux, etc) et d’arriver peut-être à un consensus.

La contribution créative reste néanmoins le seul système capable d’appréhender de manière globale la question de la valeur des contenus en ligne et d’organiser un financement complet, parce qu’elle prend en compte les productions amateurs.

Elle parvient à le faire en élargissant les usages, et non en provoquant des dommages collatéraux très importants sur les pratiques. J’ai déjà eu l’occasion ailleurs de démontrer que la contribution créative pouvait apporter des solutions de financement pertinentes pour la presse en ligne, bien plus que l’absurde Lex Google proposée par les éditeurs de presse, qui veut taxer les liens et les clics !

Cela pourrait être aussi le cas pour la photographie.


Photographies sous licence [CC-BY] deKevin Dooley, professeur et photographe amateur.

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La police dans le viseur http://owni.fr/2012/08/03/la-police-dans-le-viseur-police-tape/ http://owni.fr/2012/08/03/la-police-dans-le-viseur-police-tape/#comments Fri, 03 Aug 2012 09:35:43 +0000 Maxime Vatteble http://owni.fr/?p=117425

Capture d'écran de la vidéo de promotion de l'application Police Tape

Tout ce que vous photographierez pourra être retenu contre vous. Jerome Vorus, un jeune habitant de Washington D.C. de 21 ans l’a appris à ses dépends, un jour de juillet 2010. Alors qu’il marche dans les rues de Georgetown pour rentrer chez lui, il s’arrête pour prendre quelques clichés de policiers circulant près d’un feu rouge. Un officier désire savoir “par mesure de sécurité” pourquoi il avait choisi de photographier cet endroit. En quelques minutes, il se retrouve en état d’arrestation et doit prouver son identité.

Autorité et contradiction

On lui dit alors que prendre ce genre de photos et de vidéos est illégal, qu’une autorisation préalable est obligatoire. À sa grande surprise, une policière va immédiatement se contredire : elle sort un appareil photo numérique et commence à enregistrer la conversation.

Or, la juridiction de Washington D.C. est claire : il est légal d’enregistrer une prise vidéo ou audio d’une conversation à laquelle l’auteur de l’enregistrement participe. Jerome Vorus, tout comme la policière, a lui aussi parfaitement le droit d’enregistrer cette conversation avec les policiers.

Un des clichés de Jerome Vorus à l'origine du litige

De grands États américains comme Washington D.C. doivent encore et toujours justifier les libertés des photographes car les policiers en service n’aiment pas se faire tirer le portrait. Certains d’entre eux pensent que ces clichés troublent l’ordre public ou portent atteinte au droit à l’image et arrêtent leurs auteurs, sans aucun motif valable.

Le photographe amateur n’en reste pas là. Il se tourne vers l’American Civil Liberties Union (ACLU) pour faire valoir ses droits et attaque la brigade en justice. Le 19 juillet dernier, le district de Columbia lui donne raison et impose un nouveau code de conduite à la brigade, réaffirmant la pleine légitimité des photographes, amateurs ou professionnels, à prendre en photo un policier dans la rue :

Seulement le message est difficile à faire passer : au lendemain de la mise en application de ces nouvelles règles, un policier de la même brigade confisque, en civil, le téléphone d’un piéton enregistrant des policiers dans la rue. Washington D.C n’est cependant pas le seul État à connaître ces difficultés. C’est pourquoi Jerome Vorus s’est mis en tête d’aller photographier des policiers aux quatre coins du pays, pour savoir s’ils connaissent la Constitution et les lois qu’ils doivent faire respecter.

Rappel à l’ordre

Aux États-Unis le droit de photographier des policiers est reconnu dans le Premier amendement de la Constitution garantissant la liberté d’expression. C’est d’ailleurs l’argument qu’avait fait valoir le département de la Justice des États-Unis, administration équivalente au ministère de l’Intérieur, lors de faits similaires concernant la police de Baltimore en mai dernier. À la cinquième page d’une publication officielle adressée à cette administration, on peut lire :

Parce que l’enregistrement d’agents de police dans l’exercice public de leurs fonctions est protégé par le Premier amendement, les mesures politiques devraient interdire toute interférence avec d’autres activités de police, sauf dans des situations strictement restreintes. Plus particulièrement, ces mesures devraient indiquer aux fonctionnaires qu’exceptées certaines circonstances, ils ne doivent pas rechercher ou saisir un appareil photo ou appareil d’enregistrement, sans mandat.

En outre, ces mesures doivent interdire des actions plus subtiles qui peuvent néanmoins empiéter sur les droits des individus garantis par le Premier amendement. Les agents doivent être avisés de ne pas menacer, intimider, ou autrement décourager un individu d’enregistrer des activités policières de maintien de l’ordre ou de ne pas intentionnellement bloquer ou obstruer des caméras ou des appareils d’enregistrement.

Un rappel officiel des lois fédérales serait également utile dans l’État de Floride où un policier considère, en juillet 2012, que le simple fait de se balader avec une caméra est un acte “suspect.

Pour les associations de défense de libertés citoyennes comme l’ACLU, le cadre légal n’est pas assez contraignant. Les policiers interprétant le Premier Amendement à leur convenance ne peuvent plus agir comme s’ils étaient intouchables.

Surveillants surveillés

Nul n’est censé ignorer la loi aux États-Unis, surtout les policiers. Le copwatching, c’est-à-dire la surveillance des forces de l’ordre par les citoyens, est un mouvement répandu dans le pays depuis les années 1990 qui risque de prendre encore plus d’importance, grâce à l’appui technologique.

[MàJ] Les paparazzis de la police

[MàJ] Les paparazzis de la police

Apparition en France d'un premier site de surveillance des policiers. Les photos et les noms de dizaines de policiers sont ...

Tentée fin 2010 en France par le site Indymedia, l’expérience de copwatching avait provoqué l’indignation des syndicats policiers et du ministre de l’Intérieur de l’époque, Brice Hortefeux. Pourtant chaque Français est libre de photographier et de filmer un policier dans la rue, sauf exceptions. Les Américains restent très demandeurs de ce service.

Au début du mois de juillet, l’ACLU a décidé de lancer une application Android appelée Police Tape, destinée à lutter contre les policiers fâchés avec les photographes de rue. Gratuite, elle permet de photographier, filmer et enregistrer du son en toute discrétion : une fois lancée, Police Tape disparaît automatiquement de l’écran pour éviter toute tentative de suppression.

Une copie de l’enregistrement est conservée sur le téléphone et est envoyée sur un serveur sécurisé de l’ACLU, qui l’analysera elle-même. On y trouve également un précis des législations en vigueur pour que le photographe puisse se justifier, s’il est appréhendé par un policier à son domicile, dans la rue ou bien à bord d’un véhicule. Une version iOS est prévue dans le courant de l’été.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La ville de New York avait été la première à tester ce genre d’outil en juin dernier, avec l’application locale Stop & Frisk Watch. Pour Alexander Shalom, conseiller juridique de l’ACLU, ce genre d’initiatives contribuera à faire évoluer les mentalités et faire respecter les droits fondamentaux des citoyens américains :

Historiquement, les images saisissantes de policiers maltraitant des citoyens ont piqué au vif les représentations collectives et ont parfois été à l’origine de poursuites judiciaires. La photo et la vidéo sont cruciales pour garantir la pleine responsabilité des forces de l’ordre. Elles doivent savoir que les yeux de la société civile sont en permanence braqués sur elles.

Une conviction partagée par le photojournaliste Carlos Miller, auteur du blog Photography is not a crime, qui se bat depuis plus de cinq ans pour que les droits des photographes professionnels soient également reconnus, au-delà de la complexité du droit américain.


Capture d’écran de la vidéo de présentation de l’application android pour Smartphones Police Tape.

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Les politiques dans le viseur http://owni.fr/2012/04/22/les-politiques-dans-le-viseur/ http://owni.fr/2012/04/22/les-politiques-dans-le-viseur/#comments Sun, 22 Apr 2012 08:35:02 +0000 Anaïs Richardin http://owni.fr/?p=107139

Wilfrid Estève, directeur de la formation photojournalisme de l'EMI-CFD présentate le webdoc "60 secondes pour un quinquennat" et le projet 21 voix pour 2012. À La Cantine, Paris le 19 Avril 2012. © Milan Szypura

Jeudi soir, à la Cantine avait lieu une rencontre-débat sur la représentation du politique dans les médias.

Objectif électeurs #3

Objectif électeurs #3

21 voix pour 2012, ce sont 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour des thèmes de la campagne. Des champs ...

Après une première partie au cours de laquelle les photojournalistes de 21 voix pour 2012 ont présenté leur excellent projet pluri-média, les invités Mathieu Polak, André Gunthert, Ophelia Noor, Mathieu Sapin, Alain Soldeville et Arnaud Brunet ont échangé à l’occasion d’un débat organisé par Ziad Maalouf de l’Atelier des Médias.

Tous se sont accordés à dire que les partis politiques ont une mainmise sur les images de presse, notamment en organisant l’agencement des salles de meeting, dans lesquelles les photographes n’ont d’autres possibilités que de se serrer sur l’estrade d’un carré presse situé à 30 m de la scène, produisant ainsi une image conforme aux souhaits des partis.

André Gunthert, chercheur à Culture visuelle, regrette ce contrôle de l’image de plus en plus prégnant :

L’une des nouveautés de la campagne, c’est qu’il y a un contrôle beaucoup plus important de l’image par les partis. Ça donne une image qui n’est que spectacle, c’est un dispositif, une image construite par avance qui est comme une fiction.

La frontière serait donc parfois floue entre le factuel et le fictionnel.

Mathieu Polak, iconographe pour Le Monde et André Gunthert, chercheur en sciences sociales sur l'image et le lange à l'EHESS - © Jacob Khrist

Outre les problèmes de neutralité de l’information et de liberté du journaliste que cette mise en scène soulève, il y a aussi un problème de doublon de l’information entre le texte et une image trop construite, ce qu’explique Mathieu Polak, iconographe au journal Le Monde :

Lorsqu’elle [l’image,NDLR] montre le candidat à la tribune avec une foule devant et un drapeau français. C’est une image qui bégaye avec le texte.

Ce storytelling est imposé aux photographes, sauf si ceux-ci bataillent pour aller se poster à un autre endroit que celui qui leur est réservé. Ce dont témoigne Mathieu Polak :

Si on veut avoir une image différente des autres à un meeting politique, c’est une heure et demie d’intense bataille . Ou alors il faut grenouiller, escroquer.

Arnaud Brunet, photojournaliste indépendant/NEUS - © Jacob Khrist

Si les photographes désirent fournir une photo qui donne une autre information, qui raconte une histoire telle qu’ils la voient et non telle qu’on leur propose, ils doivent donc esquiver les services de sécurité, parlementer ou bien se faufiler en douce. Une méthode éprouvée par Arnaud Brunet, photographe et cofondateur de Neus Photos, qui cherche à diversifier ses prises de vue et utilise un matériel radicalement différent de celui de ses collègues :

Les contraintes qu’on nous a imposées m’ont obligé à prendre des points de vue différents, j’ai utilisé le panoramique, l’argentique, le noir et blanc. Avec un petit appareil, je suis discret, je passe partout.

Ziad Maalouf de l'Atelier des médias RFI animait le débat de la soirée 21 voix pour 2012 - © Jacob Khrist

Une liberté d’action qui lui permet de sortir des chemins tout tracés par les services de communication et de capturer le hors champ, parfois plus porteur de sens que l’image consensuelle que tous les médias publient :

Le fait d’ouvrir le champ, de cadrer en panoramique m’a permis de détourner les images, mais si on recadre, on obtient l’image officielle.

Mathieu Sapin, illustrateur et auteur du blog Journal d’une campagne, avoue que la discrétion est un atout pour avoir accès à des zones habituellement hors de portée. Comme il est dessinateur, il explique être certainement perçu comme une menace moindre qu’un journaliste armé d’un gros objectif :

Faire de la BD crée un certain capital sympathie, ce qui fait qu’on a accès à beaucoup de choses.

Comme la war room de Solférino le soir des primaires socialistes, par exemple.

Mathieu Sapin, dessinateur de BD politiques et auteur du blog Journal d'une campagne sur Libération.fr - © Jacob Khrist

Si Mathieu Sapin est indépendant et choisit lui-même ce qu’il décide de publier, ce n’est pas le cas des photojournalistes qui soumettent leur travail à une rédaction, ce qui ajoute un filtre supplémentaire à la création de l’image. Mathieu Polak a ainsi rappelé qu’il était nécessaire de prendre en compte l’existence du filtre éditorial.

Serrage de mains - © Mathieu Sapin

Le simple fait de choisir une photo pour la publier participe à la construction du sens de l’image. André Gunthert, chercheur à Culture visuelle l’a suivi sur ce point :

Le filtre éditorial change aussi la photo, le média est une strate intermédiaire invisible. Le fait de mettre en Une une photo, de la recadrer, c’est la mettre en valeur par rapport à un certain dispositif, celui de la Une de Libération, avec un joli titre.

Arnaud Brunet a ensuite soulevé l’importance de la légende dans le sens que donne un média à une image. Il a pris l’exemple d’une photographie de Nicolas Sarkozy, prise à la sortie d’un meeting, au moment où il saluait ses militants. Sur cette photo, on voit le président monter dans une voiture, bras droit tendu. Un bras droit que nous interprétons tous à l’aune de notre culture commune comme un salut nazi. Cette photographie s’inscrit dans une généalogie de l’image à laquelle on ne peut échapper.

Nicolas Sarkozy - Au revoir aux militants - Deplacement a Tour le 10 avril 2007 - © Arnaud Brunet /NEUS - cliquez sur la photo pour la voir en grand format

C’est à cette étape que la légende est importante. La photo étant relativement équivoque, il est important de la remettre dans son contexte. Arnaud Brunet a donc vendu cette photo en obligeant les médias qui souhaitaient la diffuser à y apposer la légende qu’il avait choisie « Nicolas Sarkozy dit au revoir à ses militants. »

Partant du constat que les médias participent activement à la construction du sens d’une image, Alain Soldeville, photographe,  a présenté son projet Parti Pris :

Il est très difficile de couvrir une campagne électorale, j’ai préféré faire ça depuis mon téléviseur et faire un travail sur la campagne vue par les médias. Je me suis interrogé sur la manière dont les médias montraient les politiques à la télévision. Je voulais montrer la syntaxe des images télévisuelles.

Partis pris Nicolas Sarkozy, invité de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2 le 5 mars 2012. © Alain Soldeville/Picture Tank

Alain Soldeville ne s’y est pas trompé en se postant derrière sa télévision,  car la campagne ne s’est pas jouée en ligne, contrairement aux attentes. Pour André Gunthert, le fait que la télévision ait été le pivot du traitement médiatique justifie l’agacement des citoyens qui, selon lui se traduirait par l’abstention au moment de se rendre au urnes :

La campagne a été maitrisée par la TV et tout s’est passé sur ce média. Les médias doivent être attentifs aux messages d’abstention des citoyens qui s’adressent aux élites. C’est peut-être aussi une critique de la manière dont cette campagne a été retranscrite par les médias. Les seules choses intéressantes que j’ai vues venaient des blogs, des réseaux sociaux, d’internet et des mèmes.

Ophelia Noor, iconographe @Owni.fr et Alain Soldeville (à droite) photographe indépendant membre de Picture Tank / à l'écran, photographie de François Bayrou par Arnaud Brunet pendant la campagne présidentielle de 2007 - © Jacob Khrist

Ophelia Noor d’OWNI a, elle aussi, fait ce constat de l’impact modéré d’internet lors de cette campagne,

alors même que son pouvoir de détournement peut être très puissant et viral. Ce qui s’est passé lors de la publication de la timeline Facebook de Sarkozy ou de son affiche de campagne la France Forte.

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

Mais internet ne fonctionne pas de la même manière que la télé. Alors que les spectateurs se trouvent passifs devant un flot d’informations et d’images semblables, internet leur permet d’être actifs.

Sur le web, médias et internautes interagissent et l’information ne vient plus seulement d’en haut (top-down). Ophelia Noor explique comment les papiers d’Owni sont illustrés :

Sur les sujets politiques, nous optons pour l’illustration maison, ou un mélange de photo et de graphisme. A plusieurs reprises, nous avons puisé aussi dans les mèmes et détournements d’images sur Internet pour illustrer nos sujets.

Couvertures politiques d'Owni.fr en 2011 : graphisme, mèmes, détournements et montages photo (cc) Loguy, Marion Boucharlat, Elsa Secco pour Owni - Cliquez sur l'image pour la voir en grand format.

André Gunthert a repris l’exemple du visuel de campagne du président sortant « La France forte », dont les détournements ont fleuri :

Les mèmes sont la manifestation d’un mouvement bottom-up [qui part des citoyens, NDLR] encouragé par les nouvelles technologies. La campagne officielle est polluée par les mèmes, elle est perdue dans la masse du détournement. Le public reprend la parole dans une campagne qui ne nous a pas beaucoup écoutés.

Pour Arnaud Brunet, l’information en continu et l’usage de Twitter ont changé la manière de travailler des photojournalistes. Pour Mathieu Polak, ils induisent surtout un autre rapport à l’information :

Plus il y a d’images en continu, plus des images arrêtées et bien mises en page prennent de la valeur.

Soirée débat "les politiques dans l'oeil du viseur" et présentation et projection autour du webdoc "60 secondes pour un quinquennat" et le projet 21 voix pour 2012. À La Cantine, Paris le 19 Avril 2012. © Milan Szypura

Si Internet n’a pas eu l’impact escompté, il reste néanmoins l’espace privilégié des citoyens pour communiquer des contenus amusants, qui permettent de souffler dans ce flot continu d’informations et d’images similaires. 

Sarkozy détourné de son image

Sarkozy détourné de son image

Sitôt publiée, l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy a été détournée. André Gunthert, chercheur sur l'image et le ...

Mais qu’en sera-t-il de cet espace dans quelques années ? Prendra-t-il une place plus importante à la prochaine élection présidentielle ?

C’est ce qu’ Ophelia Noor espère :

J’attends de voir Internet prendre une place plus importante en 2017. Cette année les politiques se sont désintéressés du numérique qui n’était pas un sujet prioritaire.

André Gunthert a pour sa part fait remarquer que

dans deux ou trois ans on se souviendra des images détournées et non pas de la campagne officielle.

Arnaud Brunet a quant à lui regretté que la photo dérive de plus en plus vers la photographie people, se demandant si l’étau des communicants ne cesserait de se resserrer :

Les photojournalistes vont-ils devenir des paparazzis obligés de se cacher dans les buissons pour avoir une photo de Hollande ?

Une dérive qui empêche les photojournalistes d’exercer correctement leur métier. Ce que ne souhaite pas Mathieu Polak qui a émis le vœux de voir “se multiplier les demandes de portfolios avec des photojournalistes qui font un travail au long cours“.


© Photographies de la soirée par Milan Szypura et Jacob Khrist
© Photographies,  illustrations et détournements par Arnaud Brunet/NEUS, Mathieu Sapin , Alain Soldeville/Picture Tank et les interouèbes /-)

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http://owni.fr/2012/04/22/les-politiques-dans-le-viseur/feed/ 3
Pinterest épinglé par le droit d’auteur http://owni.fr/2012/02/28/pinterest-epingle-par-le-droit-dauteur/ http://owni.fr/2012/02/28/pinterest-epingle-par-le-droit-dauteur/#comments Tue, 28 Feb 2012 18:10:45 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=100003

Élu meilleure startup par TechCrunch en 2011, le réseau social Pinterest a le vent en poupe aux Etats-Unis et commence à faire parler de lui en France.  Déjà considéré comme “le nouveau Facebook” par certains, le site est le premier début 2012 à avoir atteint aussi rapidement une audience de 10 millions de visiteurs par mois.

Ce succès fulgurant cache néanmoins une polémique grandissante à propos du respect par le site des règles du droit d’auteur, car la contrefaçon semble inscrite dans ses principes même de fonctionnement. Reprenant le principe des visuals bookmarks, Pinterest permet en effet à ses utilisateurs de constituer un tableau en “épinglant” (to pin en anglais) leurs découvertes faites sur le web, à la manière d’un mur Facebook et de les partager avec les autres membres du réseau. A cette occasion, les images épinglées sont copiées sur les profils des utilisateurs de la plateforme, avec normalement un lien en retour qui procure aux sites d’origine un trafic intéressant.

Mais cette forme de compensation n’a pas paru suffisante à un nombre grandissant de producteurs de contenus graphiques, et notamment des photographes, qui ont considéré que Pinterest se livrait à une forme de parasitisme dommageable, et ce d’autant plus que le site a développé très tôt un modèle économique basé sur l’affiliation de liens. Certains sont allés plus loin et n’ont pas hésité à affirmer qu’un site comme Pinterest justifiait le vote des terribles lois SOPA/PIPA !


Pinterest n’est pas resté sourd à ces protestations et a réagi il y a quelques jours, en mettant à disposition un shortcode “nopin”, permettant à ceux qui le souhaitent de bloquer le fonctionnement du bookmarklet proposé par la plateforme, afin de pouvoir épingler directement les contenus à partir des navigateurs internet.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ces turbulences juridiques traversées par Pinterest soulèvent des questions plus générales, liées aux pratiques de partage des contenus sur Internet, et notamment au statut particulier des images. Il s’inscrit également dans la lignée des problèmes rencontrés par les sites de curation, qui peuvent se heurter à la rigidité actuelle des règles du droit d’auteur. Le cas de Pinterest soulève aussi des questions plus troublantes, car en y regardant de plus près, la start-up de l’année 2011 n’est peut-être pas si différente d’un MegaUpload, considéré comme l’antéchrist du copyright et débranché manu militari par le FBI, il y a quelques semaines.

Pinterest, sage comme une image ?

Reposant essentiellement sur des User Generated Content (UGC),  Pinterest s’appuie juridiquement sur les règles garantissant aux hébergeurs de contenus une limitation de responsabilité. Aux Etats-Unis, le Digital Millenium Copyright Act (DMCA) offre ainsi une sphère de sécurité (safe harbour) à ce type d’opérateurs, dont la responsabilité n’est engagée que s’ils ne retirent pas des contenus illégaux qui leur sont signalés par le biais d’une demande de retrait (takedown notice).

L’interface de Pinterest tient compte de ces paramètres juridiques en mettant à la disposition des titulaires de droits, en regard de chaque image partagée, un bouton de notification de violation de copyright renvoyant à un formulaire en ligne. Bien que certains analystes aient pointé du doigt des failles dans la procédure mise en place par le site, l’équipe de Pinterest assure déployer tous les efforts requis pour donner suite convenablement aux demandes de retrait.

Pinterest, capture d'écran du 28 février 2012

Néanmoins, un des désavantages de ce régime réside dans le fait qu’ils rejettent la responsabilité des contenus sur les utilisateurs du site et Pinterest n’échappe pas à la règle. Ses Conditions Générales d’Utilisation (CGU) indiquent clairement que les membres de Pinterest doivent être titulaires des droits sur les contenus qu’ils partagent ou qu’ils doivent disposer de l’autorisation explicite de leurs auteurs, à défaut de quoi ils engagent leur propre responsabilité :

You represent and warrant that: (i) you either are the sole and exclusive owner of all Member Content that you make available through the Site, Application and Services or you have all rights, licenses, consents and releases that are necessary to grant to Cold Brew Labs the rights in such Member Content, as contemplated under these Terms; and (ii) neither the Member Content nor your posting, uploading, publication, submission or transmittal of the Member Content or Cold Brew Labs’ use of the Member Content (or any portion thereof) on, through or by means of the Site, Application and the Services will infringe, misappropriate or violate a third party’s patent, copyright, trademark, trade secret, moral rights or other proprietary or intellectual property rights, or rights of publicity or privacy…

Comme le remarque certains commentateurs, il y a dans ces conditions une part certaine d’hypocrisie, car Pinterest est parfaitement conscient qu’il n’est pas un Flickr ou Picasa, destinés à stocker des images créées par leur auteur sur un compte personnel, mais bien un site de curation fonctionnant sur le principe de la republication de contenus. Certains vont jusqu’à dire que 99% des contenus du site sont partagés en violation des termes de service. Par ailleurs, l’interface encourage “fonctionnellement” ce type de partages, notamment par le biais du bouton “Pin it” mis à disposition des utilisateurs. Dans la présentation faite par le site de ce bouton, on peut lire notamment :

Once installed in your browser, the “Pin It” button lets you grab an image from any website and add it to one of your pinboards.

Cette incitation au partage pourrait d’ailleurs selon certains faire perdre à Pinterest le bénéfice de la limitation de responsabilité offerte par le DMCA, en le rendant coupable de “complicité de violation de copyright“.
Ce débat est intéressant, mais à ce compte-là, il faut l’étendre à beaucoup d’autres sites phares du web, puisqu’on retrouve ce même type de dispositions par exemple sur Facebook ou sur YouTube. Et cette question du partage des responsabilité entre l’hébergeur et les utilisateurs de la plateforme est également au coeur de l’affaire MegaUpload

Fair use or not ?

Indépendamment des règles de responsabilité, une autre question qui revient dans les analyses américaines consiste à savoir si Pinterest pourrait s’abriter derrière le fair use (usage équitable). Ce mécanisme d’équilibre de la propriété intellectuelle aux Etats-Unis, dont on évoque d’ailleurs de plus en plus fréquemment l’intérêt d’une transposition en Europe, permet en effet d’utiliser des contenus protégés, à condition de respecter un certain nombre de critères, parmi lesquels le fait de ne pas porter atteinte au marché potentiel de l’oeuvre.
A la lecture des commentaires, on se rend compte que les avis se divisent sur le point de savoir si l’usage que Pinterest fait des contenus est “équitable”. La plupart des juristes considèrent que l’application en justice du fair use à un tel site serait plus qu’aléatoire, notamment parce que Pinterest permet de republier et de stocker des reproductions intégrales des images, dans une bonne définition. Ces copies constitueraient des versions concurrentes des images originales, susceptibles de siphonner le trafic du site qui les héberge, surtout que dans certains cas des créateurs de contenus se plaignent qu’aucun lien en retour n’est fait vers leur site, ni mention du nom de l’auteur. Des recommandations figurent pourtant en ce sens dans la Pin etiquette, pour encourager les bonnes pratiques.
Néanmoins, ce type de jugements négatifs ne fait pas l’unanimité, notamment au sein de la communauté des photographes, pourtant globalement portés à considérer que Pinterest “vole” leurs contenus. L’un d’entre eux, Trey Ratcliff, s’est distingué, en publiant un billet incitant les photographes à arrêter de considérer chaque évolution comme une menace, pour essayer de saisir les opportunités offertes par les innovations du web.

Le compte Pininterest de Trey Ratcliff/capture écran

Il constate par exemple que le fait que ses photos soient reprises sur Pinterest a provoqué une augmentation de 15% du trafic de son site et que cet accroissement d’audience lui procure de nouvelles opportunités commerciales :

Most people in the world are good people. If they find digital art they want to buy for a print or use in a commercial campaign, they will figure out a way to get you money. 99% of your traffic is truly “window-shoppers.” They will look at your goods, take note, enjoy them and move on. But 1% will want to make a personal or business transaction with you. Despite what fear-mongers have told you, everyone will not steal your images. Most legitimate companies will work out a proper licensing arrangement with you.

Une relation Gagnant/Gagnant pourrait ainsi s’instaurer entre Pinterest et les fournisseurs de contenus, mais cette façon de “payer” les créateurs en trafic et en visibilité ne suffit certainement pas à satisfaire aux exigences du fair use américain.
La comparaison est pourtant souvent faite avec Google Images, qui a fini par l’emporter en justice, sur la base du fair use justement, contre des créateurs de contenus qui se plaignaient que ses robots indexent et copient leurs images. L’analogie est en effet tentante, mais Pinterest ne se contente pas d’afficher simplement des vignettes, comme le fait Google, qui de surcroît ne stocke que de manière temporaire les images qu’il indexe.
Au final, sentant que le fair use ne pourrait sans doute pas suffire à le protéger en cas de contentieux, Pinterest s’est orienté vers une autre voie, en proposant un système d’opt-out (option de retrait).

L’opt-out comme solution ?

Comme on l’a vu plus haut, Pinterest propose à présent un shortcode à implanter sur les sites internet, permettant de bloquer le bookmarklet mis à la disposition des utilisateurs de la plateforme pour partager les images directement depuis leur navigateur. Quelques jours après cette annonce, le site Flickr, qui constituait la troisième source des contenus partagés sur Pinterest a décidé de mettre en place automatiquement ce code sur toutes les photographies copyrightées qu’il héberge.
Cette solution technique a été saluée comme une avancée et une preuve de bonne volonté de la part de Pinterest, mais elle divise encore visiblement la communauté des producteurs de contenus, qui se demandent s’ils doivent accepter ce procédé ou aller encore plus loin dans leurs revendications. Certains font valoir par exemple que beaucoup de créateurs ne pourront pas faire jouer l’opt-out, tout simplement parce qu’ils n’ont pas la main sur leur site et ne peuvent implanter la ligne de code proposée. La solution n’est pas non plus parfaite sur le plan technique, puisqu’il restera possible “d’épingler” les photos à partir de Google Images, même si l’on a verrouillé son propre site.

Le site de musique Grooveshark/capture écran

Mais surtout, juridiquement, l’opt-out ne constitue pas un moyen de se mettre en accord avec les règles du droit d’auteur. Celui-ci implique en effet un consentement préalable explicite des titulaires de droits et nul n’est fondé à faire jouer la règle du “qui ne dit mot consent”.
Encore faut-il peut-être nuancer ces affirmations. En effet, en ce qui concerne les moteurs de recherche, la jurisprudence a  admis dans  les années 2000 que l’indexation du contenu des sites web et leur stockage temporaire en cache sur les serveurs de Google constituaient bien des usages compatibles avec le fair use américain. Mieux encore, les juges ont considéré qu’il était équitable que les sites puissent faire jouer seulement un opt-out, pour demander à ce que les robots d’un moteur de recherche n’indexent pas son contenu.
Le problème, c’est que cette jurisprudence libérale n’a pas été étendue à d’autres formes d’usage des contenus. Google en a d’ailleurs fait l’amère expérience des deux côtés de l’Atlantique, à la fois  en ce qui concerne Google Actualités par exemple, ou Google Books pour lequel il a essayé d’imposer une solution d’opt-out.

Cette absence de valeur en justice de l’opt-out fait que certains demandent maintenant à Pinterest de mettre en place un opt-in, qui pourrait par exemple prendre la forme d’un bouton de partage dédié que les producteurs de contenus installeraient sur leur site pour manifester leur consentement et donner un moyen d’exporter leurs images.
La question cependant, c’est que si on impose cette solution à Pinterest, pourquoi ne pas exiger la même chose de quasiment tous les médias sociaux, qui permettent des republications de contenus, et en particulier les sites de curation ?

Les affres juridiques de la curation

La polémique qui frappe Pinterest a quelque chose de surprenant, car à vrai dire, les sites qui pourraient soulever ce genre d’accusations de violation du copyright sont légion. Tumblr par exemple, autre réseau social qui a le vent en poupe en ce moment aux Etats-Unis, fonctionne aussi  largement sur la republication de contenus graphiques et propose un bouton de partage à partir des navigateurs. Que dire également de StumbleUpon dont le principe consiste depuis longtemps à partager ses trouvailles avec son réseau en cliquant sur un bouton au fil de la navigation ?
Plus largement, des questions juridiques assez similaires avaient surgi l’année dernière, au moment du buzz autour des sites de curation. J’avais pour ma part alors essayé de montrer que c’était justement en grande partie les problèmes liés à la réutilisation des images qui fragilisaient fortement la condition juridique des pratiques de curation. Des sites comme Scoop-it ou Pearltrees soulèvent finalement des questions assez proches de celles qu’agite Pinterest en ce moment. Sans doute est-ce la croissance rapide de ce dernier qui a fait exploser les critiques, jointe au fait que le site dispose d’emblée d’un modèle économique. On peut cependant à présent se demander si  une propagation de ces revendications ne va pas se produire, qui pourrait affecter l’ensemble du paysage des médias sociaux.
Mais les parallèles que l’on peut faire à propos de cette affaire ne s’arrêtent pas là…

Entre Pinterest et MegaUpload, une simple différence de degré ?

En voulant s’attaquer à Pinterest, plusieurs commentateurs ont fait des comparaisons directes avec des sites qui ont jalonné l’histoire du piratage sur Internet. On trouve ainsi des billets affirmant que Pinterest constitue “le nouveau Napster” ou qui se demandent s’il ne ressemble pas davantage “à Grokster qu’à Facebook“.

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Ces accusations ne sont pas anodines, car ces sites de partage de contenus ont fini par être fermés, suite à des procès intentés par les industries culturelles américaines, qui ont réussi à les priver de la protection accordée aux hébergeurs de contenus.
En allant plus loin, on peut faire un parallèle entre la polémique soulevée par Pinterest et une plainte en cours déposée par des titulaires de droits à l’encontre du site musical Grooveshark : ce site est attaqué parce qu’il permettait à des utilisateurs de charger des fichiers sur sa plateforme et de les diffuser publiquement en streaming, alors même que Grooveshark proposait un partage des revenus publicitaires avec les artistes et les producteurs.

La question que je pose est la suivante : au fond, quelle différence existe-t-il entre un Pinterest et un Grooveshark ? Et avec un MegaUpload ?

Il y a bien entendu des différences sensibles au niveau du modèle économique, mais s’agit-il d’une différence de nature ou simplement de degré ?
Cela signifie qu’entre la startup de l’année et un site considéré à présent comme l’incarnation juridique du mal par excellence, il existe un continuum, créé par  la rigidité actuelle du droit et son incapacité à saisir et organiser de manière équilibrée les échanges de contenus entre utilisateurs.

Une autre photo de la guerre du web

Une autre photo de la guerre du web

Passée la dimension policière de l'évènement, l'affaire MegaUpload a ravivé les débats sur la gestion des droits ...

C’est aussi cette raison qui devrait nous faire frémir quand des personnes réclament l’application de systèmes aussi brutaux que la loi SOPA aux sites comme Pinterest, car comme je l’ai montré ci-dessus, c’est quasiment l’ensemble des médias sociaux qui peuvent soulever des critiques similaires et qui demeurent à la merci des attaques des titulaires de droits.

Il sera sans doute intéressant de voir ce qui se produira lorsque Pinterest commencera à se développer en France. Comme je l’ai montré dans une chronique précédente, la communauté des photographes français se montre particulièrement hostile aux pratiques de partage de contenus. Par ailleurs, en l’absence d’un fair use, le droit d’auteur français n’autorise qu’un usage très limité des images, ce qui avait conduit l’an dernier à une condamnation retentissante de Google Images.
C’est pourtant toute une partie du développement de l’économie numérique qui se joue derrière les enjeux soulevés par l’affaire Pinterest et des firmes innovantes auront du mal à émerger si elles peuvent à tout moment se faire ainsi “épingler” pour violation du droit d’auteur…


Illustration de la chronique du copyright par Marion Boucharlat pour Owni /-)
Captures d’écrans.

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http://owni.fr/2012/02/28/pinterest-epingle-par-le-droit-dauteur/feed/ 38
Une autre photo de la guerre du web http://owni.fr/2012/01/25/une-autre-photo-de-la-guerre-du-web/ http://owni.fr/2012/01/25/une-autre-photo-de-la-guerre-du-web/#comments Wed, 25 Jan 2012 13:08:04 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=95377

Comme l’explique la Quadrature du Net, la place qu’avait pris le site MegaUpload dans le paysage numérique peut être considérée comme une conséquence de la guerre au partage conduite par les industries culturelles au nom de la défense du droit d’auteur :

MegaUpload est un sous-produit direct de la guerre menée contre le partage pair à pair hors-marché entre individus. Après avoir promu une législation qui a encouragé le développement des sites centralisés, les lobbies du copyright leur déclarent aujourd’hui la guerre [...] La vraie solution est de reconnaître un droit bien circonscrit au partage hors marché entre individus, et de mettre en place de nouveaux mécanismes de financement pour une économie culturelle qui soit compatible avec ce partage.
L’éradication de MegaUpload par la justice américaine constitue un épisode spectaculaire de cette croisade du copyright, mais la guerre au partage qui la sous-tend revêt parfois des formes plus discrètes, mais insidieuses, dans d’autres branches de la création.

C’est à mon sens particulièrement le cas dans le domaine de la photographie et j’ai été particulièrement frappé, tout au long de l’année dernière, de la dérive du discours et de l’action de lobbying menée en France par les photographes professionnels, qui sont graduellement passés de la lutte (légitime) pour la défense de leurs droits à une forme de combat contre les pratiques amateurs et le partage entre individus, y compris à des fins non-commerciales. Il est intéressant d’analyser les glissements  idéologiques progressifs qui amènent les titulaires de droits à se dresser contre les internautes et à se couper des moyens d’évoluer pour s’adapter à l’environnement numérique.

Bien entendu, la photographie est un média particulièrement fragilisé par les évolution d’Internet et j’ai déjà eu l’occasion de me pencher sur les effets corrosifs que la  dissémination incontrôlée des images inflige aux fondements même du droit d’auteur dans ce secteur.

On comprend dès lors que les photographes professionnels soient sur la défensive. En juillet 2001, en marge des Rencontres d’Arles de la photographie, l’Union des photographes professionnels (UPP) avait ainsi organisé une spectaculaire marche funèbre pour enterrer le droit d’auteur. Le sens de cette action était de lutter contre des pratiques jugées abusives et attentatoires aux droits des photographes, comme le “D.R.” employé par la presse, les contrats léonins proposés par certains éditeurs ou la concurrence déloyale des micro-stocks de photographie comme Fotolia, pourtant labellisé par Hadopi.

Jusque là, il n’y a pas grand chose à redire à ce type de combats, qui rappellent ceux que les auteurs de livres mènent pour faire valoir leurs droits face au secteur de l’édition et qui me paraissent tout à fait légitimes. Il est indéniable qu’une des manières de réformer le système de la propriété intellectuelle dans le bon sens consisterait à renforcer la position des créateurs face aux intermédiaires de la chaîne des industries culturelles.

Mais pour lutter contre les sites comme Fotolia, qui proposent des photographies  à des prix très bas, les photographes professionnels ont commencé à critiquer l’expression “libre de droits”, mauvaise traduction de l’anglais “Royalty Free”, en rappelant (à juste titre) qu’elle n’avait pas de sens en droit français. Lors du congrès 2011 de l’UPP, une Association de lutte Contre le Libre de Droit (ACLD) a même été créée par plusieurs groupements de professionnels de la photographie C’est à partir de là qu’un dérapage a commencé à se produire chez les photographes, avec une dérive vers la guerre au partage, les pratiques amateurs et la gratuité. Après le “libre de droits”, les représentants des photographes en sont en effet venus à combattre “le libre” tout court, au nom d’amalgames de plus en plus discutables.

Gagnant du concours Wiki Loves Monuments. Monastère Chiajna, Bucarest, par Mihai Petre

La première manifestation sensible de cette dérive a été l’opposition de l’UPP au concours Wiki Loves Monuments, organisé par la fondation Wikimedia pour inciter les internautes à photographier des monuments historiques et à les partager sur Wikimedia Commons. L’UPP a dénoncé de manière virulente cette initiative, en s’élevant contre le fait que la licence libre de Wikimedia Commons (Creative Commons CC-BY-SA) permet la réutilisation commerciale et en demandant sa modification :

Présentée comme une action philanthropique, cette initiative relève davantage d’une opération strictement commerciale. En effet, l’accès au concours est conditionné par l’acceptation d’une licence Creative Commons qui permet l’utilisation commerciale des œuvres. Des opérateurs privés ou publics peuvent dès lors utiliser gracieusement ces photographies sous forme de cartes postales, posters, livres ou encore à des fins d’illustrations d’articles de presse. Les photographes professionnels qui vivent de la perception de leurs droits d’auteurs s’inquiètent de cette démarche, qui constitue une concurrence déloyale à leur égard. Les initiatives de partage libre de la connaissance à des fins culturelles et pédagogiques sont légitimes, mais ne doivent pas conduire à mettre en péril la création.

Pour des professionnels qui prétendent défendre le droit d’auteur, ce type de position radicale est très surprenant. Car c’est en effet un des principes fondateurs du droit d’auteur français que les créateurs décident de manière souveraine de la manière dont ils souhaitent divulguer leurs oeuvres. Si un auteur veut partager sa création gratuitement, y compris en permettant les réutilisations commerciales, rien ne devrait pouvoir l’en empêcher ou alors, le droit d’auteur n’a plus de sens. Un article du Code de propriété intellectuelle consacre même explicitement cette possibilité de diffusion gratuite :

L’auteur est libre de mettre ses oeuvres gratuitement à la disposition du public, sous réserve des droits des éventuels coauteurs et de ceux des tiers ainsi que dans le respect des conventions qu’il a conclues (Art. L. 122-7 CPI)

Ici l’UPP, pour protéger des intérêts professionnels, prétend condamner cette liberté, dont veulent user des internautes pour contribuer volontairement à un projet collaboratif. Et ils sont par ailleurs des millions à mettre  en partage leurs photos sur Wikimedia Commons, mais aussi sur Flickr, Deviant Art, et d’autres plateformes encore.

Réseau d'amis Flickr de Meer/CC-byncsa

Mais les photographes professionnels vont plus loin encore. Au-delà de la Culture libre et de l’idée de biens communs, c’est tout un pan de la culture numérique qu’ils entendent remettre en question, avec la montée en puissance des amateurs. Cette tendance se lit clairement sur un des forums ouverts par les Labs Hadopi, dont les experts travaillent sur le thème de la photographie. On y trouve notamment cette déclaration d’un photographe, qui soulève des questions assez troublantes :

Ce métier n’est aucunement régulé, et les associations comme l’UPP (Union des photographes professionnels, dont je fait partie) font ce qu’elles peuvent. La comparaison la plus courante reste celle des taxis. Un métier régulé et normé, tant dans le droit d’exercice que dans les critères de nombre. Avoir une voiture ne fait pas de toi un Taxi. A contrario, avoir un appareil photo fait de n’importe qui un photographe établi et un énième concurrent.

Ou encore celle-ci, tout aussi éloquente :

[...] il me semble que la difficulté numéro 1 des photographes à l’ère numérique, c’est l’afflux massif d’amateurs qui vendent leurs photos à prix bradé voir gratuitement.

Le glissement dans le discours atteint ici des proportions très graves. Nous ne parlons plus en effet seulement de lutter contre le téléchargement, mais d’un corps de métier, menacé par Internet, qui commence à glisser à l’oreille des pouvoirs publics qu’il pourrait être bon d’instaurer un “permis de photographier” ou une sorte de numerus clausus, pour limiter chaque année le nombre de photographes assermentés !

D’une certaine manière, les photographes sont en train de remonter à la racine historique du droit d’auteur, dont les premiers linéaments sont apparus sous l’Ancien Régime sous la forme d’un double système de privilège et de censure, contrôlé par l’Etat. Le Roi en effet, accordait un “privilège” à un imprimeur afin de lui conférer un monopole pour exploiter un ouvrage et se protéger des contrefaçons produites par ses concurrents. On retrouve bien en filigrane, cet esprit dans les revendications des photographes, sauf qu’à présent, ils demandent l’instauration d’une forme de “protectionnisme juridique” pour les protéger des amateurs et du public, et non d’autres professionnels.

A une heure où le partage des photographies est massif sur Internet (plus de 100 milliards de photos sur Facebook…) et s’accélère encore avec le développement des usages mobiles (voir le succès d’Instagram), on sent bien que ce type de positions est complètement irréaliste. Elle ne peut que conduire sur le plan légal à instaurer des systèmes de contrôle et de répression des pratiques culturelles qui se répandent dans la population et dont on devrait se réjouir, plutôt que de chercher à les condamner.

D’une certaine manière, les propos des photographes rappellent la “Pétition des fabricants de chandelle” qui avait été inventée en 1845 par l’économiste Frédéric Bastiat pour discréditer le protectionnisme économique. Dans cette parabole, les fabricants de chandelles demandent à l’Etat de les protéger contre la concurrence déloyale… du Soleil !

Nous subissons l’intolérable concurrence d’un rival étranger placé, à ce qu’il paraît, dans des conditions tellement supérieures aux nôtres, pour la production de la lumière, qu’il en inonde notre marché national à un prix fabuleusement réduit ; car, aussitôt qu’il se montre, notre vente cesse, tous les consommateurs s’adressent à lui, et une branche d’industrie française, dont les ramifications sont innombrables, est tout à coup frappée de la stagnation la plus complète. Ce rival, qui n’est autre que le soleil, nous fait une guerre (si) acharnée […] Nous demandons qu’il vous plaise de faire une loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes, abat-jour, contre-vents, volets, rideaux, vasistas, œils-de-bœuf, stores, en un mot, de toutes ouvertures, trous, fentes et fissures par lesquelles la lumière du soleil a coutume de pénétrer dans les maisons, au préjudice des belles industries dont nous nous flattons d’avoir doté le pays, qui ne saurait sans ingratitude nous abandonner aujourd’hui à une lutte si inégale. […]

Ce que révèlent les positions des photographes professionnels, c’est avant tout un profond désarroi face aux évolutions du numérique et une difficulté à penser un modèle économique adapté aux nouveaux usages en ligne. Il existe pourtant des exemples convaincants de photographes qui ont réussi à comprendre comment utiliser à leur profit les pratiques de partage pour valoriser leurs créations et développer leur activité.

Portrait de Cory Doctorow par Jonathan Worth/CC-byncsa


C’est le cas par exemple de l’anglais Jonathan Worth, cité dans l’ouvrage The Power of Open qui recense les exemples de réussite de projets employant les licences Creative Commons. Incité à utiliser les Creative Commons après une rencontre avec Cory Doctorow, il publie aujourd’hui ses clichés sur son site sous licence CC-BY-NC-SA. La diffusion et les reprise de ces photos lui a permis de gagner une notoriété, qui lui a ouvert les portes de la National Portrait Gallery à Londres et de photographier les grands de ce monde. Dans une interview donnée au British Journal of Photography, il explique en quoi les licences libres lui ont permis de penser un nouveau modèle en jouant sur la réservation de l’usage commercial, tout en permettant la reprise de ces photos librement à des fins non commerciales :

Maintenant je peux comprendre comment utiliser les forces des personnes qui réutilisent mes images gratuitement. C’est comme mettre un message dans une bouteille et laisser les vagues l’emmener ailleurs, en tirant bénéfice de l’énergie des marées. Creative Commons me permet d’utiliser l’architecture du système et d’être en phase avec les habitudes des natifs du numérique sur les réseaux sociaux. Les contenus sont les mêmes, mais leur mode de distribution a changé. Je n’ai pas trouvé la formule magique, mais CC me permet de profiter de choses qui autrement joueraient contre moi.

De manière plus provocatrice, le photographe américain Trey Ratcliff, qui tient l’un des blogs photo les plus suivis de la planète (Stuck in Customs) expliquait récemment sur le site Techdirt les raisons pour lesquelles il ne se préoccupe pas du piratage de ses créations et pourquoi il considère même que c’est un avantage pour son business. Il explique comment le partage de ses oeuvres lui permet de donner une visibilité son travail et de se constituer une clientèle potentielle. Et de terminer par cette phrase qui va nous ramener au début de cet article :

Tout mon travail est piraté. Depuis mes tutoriels photo HDR, jusqu’à mes livres numériques en passant par mes applications. Parfait. Tout est sur PirateBay, MegaUpload et d’autres sites de ce genre. Le fait est que j’ai de bonnes raisons de ne pas m’en préoccuper. Si MegaUpload est devenu une telle menace pour les industries culturelles, c’est avant tout parce qu’elles n’ont toujours pas réussi à sortir du “modèle économique de la pénurie organisée”, comme le rappelle à raison Samuel Authueil sur son blog. L’exemple des photographes que je cite ci-dessus montre pourtant que des créateurs peuvent tirer profit de la nouvelle économie de l’abondance, en adoptant des modes plus ouverts de distribution de leurs contenus, en phase avec les pratiques de partage sur les réseaux.
S’enfoncer dans la guerre au partage comme le font actuellement les représentants des photographes professionnels, lutter contre les pratiques amateurs et la gratuité,  c’est courir le risque de subir une véritable Berezina numérique, comme le reste des filières culturelles qui refusent l’évolution de leurs modèles.

Ce n’est pas d’une réforme légale que le système a besoin, mais d’une profonde refonte de la conception de la valeur, qui entre en symbiose avec les pratiques de partage plutôt que de tenter de les combattre.


Illustration pour la chronique du copyright par Marion Boucharlat pour Owni
Photos et illustrations : Par Mihai Petre (Own work) [CC-BY-SA-3.0-ro] via Wikimedia Commons ; par Meer/Flickr CC-byncsa ; Cory Doctorow par Jonathan Worth (CC-byncsa)

illustration par Marion Boucharlat pour Owni

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http://owni.fr/2012/01/25/une-autre-photo-de-la-guerre-du-web/feed/ 59
Vendredi c’est Graphism S02E47 http://owni.fr/2011/12/30/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e47/ http://owni.fr/2011/12/30/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e47/#comments Fri, 30 Dec 2011 07:29:45 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=91895

Bonjour à toutes et à tous et en route pour le dernier épisode de Vendredi c’est Graphism édition 2011 !

Rassurez-vous, pas d’actualités réchauffées, pas de retour sur l’année 2011 mais du design neuf, du graphisme frais et des actualités toutes belles. Au programme, je vous propose un petit détour photographique mêlant imagination et réel, le retour de Kidult, de la réalité augmentée typographique, un projet de diplôme en pointillés, une bande dessinée sur Steve Jobs, et un petit WTF musical de derrière les fagots ;-).

Bon vendredi… et bon “Graphism” !

Geoffrey

On commence notre revue de la semaine avec le travail photographique de Lukasz Wierzbowski. Ce jeune Polonais de Wroclaw est photographe indépendant et explore la relation entre le modèle et son environnement afin de donner vie à un lieu, une scène, une mise en scène visuelle et souvent poétique. Dans ce jeu de cache-cache photographique, il créé ainsi un équilibre entre la photo, le côté décalé et la mise en scène… Un grand tout qui nous interroge.

source

On continue avec le retour de Kidult et cette seconde partie en vidéo publiée cette semaine. Tout le monde se demande encore qui est ce Kidult et pourtant, cet “enfant terrible du graffiti” qui redécore à grand coup de bombe de peinture rose les vitrines des magasins comme Agnes B, JC/DC ou encore Louis Vuitton, se fait de plus en plus connaître. Ces boutiques qu’il repeint sont en général des boutiques de luxe qui ont utilisé la culture graffiti comme image commerciale et à cela, il répond qu’il ne leur offre que ce qu’elles aiment ! Attention aux âmes sensibles du respect des vitrines, ça peinturlure à grand coup d’extincteur !

La première partie

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La seconde partie
[le début de cette vidéo est un peu choquante, âmes sensibles s'abstenir]

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Entre la page et l’écran (Between Page And Screen de son titre en anglais) est un livre utilisant la réalité augmentée pour créer des poèmes typographiques. Ainsi, ce livre se présente comme un livre pop-up numérique dans lequel vous pouvez tenir littéralement les mots entre vos mains. Avec votre ordinateur, vous allez pouvoir jouer et découvrir ce livre entre la page et l’écran : vous n’avez besoin que d’une webcam. Il vous suffit d’imprimer un marqueur téléchargé sur le site de Between Page And Screen, d’allumer votre webcam et de lui montrer votre livre. Écrit par Borsuk Amaranth et programmé par Brad Bouse, ces poèmes sont composés d’une série de lettres échangées entre deux amants, P et S. Au travers de ces lettres, ils tentent de définir la relation qui les unis et des animations typographiques viennent donner vie à leur histoire.

Le procédé et le rendu sont terriblement simples et efficaces même si le procédé n’est pas forcément nouveau. À noter également que ce livre d’artiste est en édition limitée aux éditions Siglio Press.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Cette semaine, j’ai également eu le plaisir de découvrir le travail minimaliste mais très envoûtant de Miharu Matsunaga. Cette jeune artiste, designer & photographe japonaise est née en 1989 à Yokohama. Elle a ensuite étudié le design graphique à la Tama Art University pour ensuite travailler dans une agence de publicité à Tokyo. Pour son projet de diplôme, elle a réalisé cette superbe série de portraits où des milliers de points sont peints à la main sur les modèles qui posent. Je vous laisse découvrir ce travail contemplatif, autant dans la posture des visages, des corps, que dans ces points qui viennent souligner l’ensemble.

source

C’est une exclusivité du magazine économique américain Forbes, voici quelques pages du prochain roman graphique, The Zen Of Steve Jobs. Écrit par JESS3, il raconte la vie de Steve Jobs avec son ami et mentor, Kobun Chino Otogawa, un prêtre Japonais bouddhiste zen. Leur rencontre a lieu au milieu des années 1980, après le départ de Steve Jobs d’Apple et la fondation de NeXT – qui sera rachetée plus tard par Apple. Le récit est ainsi ponctué par les autres points forts de la carrière de Steve Jobs et explore l’empreinte de la méditation japonaise sur sa vie et sa carrière. Ce thème sera donc central tout au long du livre et offrira une vision quelque peu nouvelle de la vie de Steve Jobs.

En vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En images :

source | source

Le WTF de cette semaine est musical et très rythmé avec ce jeune homme qui crée des percussions… avec son corps ! Alors certes, il est dans sa salle de bain, certes il est mal cadré avec sa petite caméra, mais il y croit ! Le plus WTF dans l’histoire c’est que je suis persuadé que certains d’entre vous vont de ce pas essayer ça dans leur salle de bain… ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Pour le mot de la fin, je vous invite à profiter du meilleur de cette fin d’année. En 2012, Vendredi c’est Graphism sera encore là avec toujours plus d’actualité graphique, artistique, design, musicale ou photographique, je compte aussi sur vous pour m’envoyer vos découvertes. Au passage, j’en connais certain(e)s qui cherchent parfois du travail dans le graphisme, la direction artistique ou encore le design, je vous invite donc à consulter les sites comme Remix Jobs, comme le site d’emploi d’Étapes ou encore comme Jobs Graphiste !

Excellente fin de semaine, week-end et… à l’année prochaine :-)

Geoffrey

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http://owni.fr/2011/12/30/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e47/feed/ 4
[ITW] Bent Objects, le retour http://owni.fr/2011/12/23/bent-objects-terry-border-retour/ http://owni.fr/2011/12/23/bent-objects-terry-border-retour/#comments Fri, 23 Dec 2011 15:29:50 +0000 Terry Border http://owni.fr/?p=89035 Vous vous souvenez de la première version des Bent Objects par Terry Border ? L’artiste est de retour avec une nouvelle série d’objets de la vie quotidienne détournés, à l’aide d’un simple petit fil de fer et de beaucoup d’imagination. Tout a commencé sur un petit blog. Les Bent Objects sont aujourd’hui un phénomène international, repris à la télévision, dans la presse ou sur les sites Internet de nombreuses publications. Entretien avec le créateur du phénomène.

J’ai démarré en 2006, l’âge d’or pour les blogs. Les gens étaient encore enthousiastes à l’idée de publier plus de 140 caractères. Je me suis dit que j’allais publier quelques objets avec des fils de fer histoire de pouvoir me payer des cafés. A l’époque, j’étais boulanger. J’avais fait de la photo publicitaire, mais j’avais démissionné quelques années auparavant. Je n’aimais pas l’ensemble du processus.

Un jour que je marchais dans un parc, une main géante venue des nuages m’a pointé du doigt. J’ai tiré dessus jusqu’à ce qu’un son profond furieux gronde à travers l’atmosphère. Ce fut un jour intéressant, mais ça n’a pas de rapport avec Bent Objects. En gros, le fil de fer est pas cher. Et les objets ordinaires non plus. Combiner ces deux choses pour m’amuser évite de me stresser, contrairement à d’autres tentatives qui me coûtent pas mal d’argent.

“J’ai toujours vu les objets comme ça”

Mon processus créatif est le suivant:

(a) Regarder un objet.

(b) Cet objet me rappelle quoi ? Quelle personnalité a-t-il ?

(c) Ajouter un peu de fil de fer pour l’amener à la vie.

(d) Le photographier de façon à ce qu’il communique mon idée.

Je n’essaye pas toujours d’être drôle. Mais parce que mon matériel est ce qu’il est, le produit fini est toujours vu comme comique, et il n’y a pas moyen de contourner ça. Je ne suis pas quelqu’un de sérieux, et ça se voit dans mon travail, même si je n’essaye pas d’être “drôle”. C’est sûrement une bonne chose, parce que l’humour, que je m’efforce d’en faire ou pas, a conduit les gens à partager mon travail, et je ne vais pas imposer aux gens une manière de l’interpréter.

En fait, j’ai toujours vu les objets comme ça. Mais depuis que je bosse sur Bent Objects, je peux montrer aux autres comment je pense aux choses. C’est probablement très étrange, mais je suis reconnaissant d’avoir trouvé des gens qui apprécient cette façon de voir.

Parle d’amour

Dans une certaine mesure, cela a formalisé mes tendances parfois étranges. Avant, certains aspects de ma personnalité étaient vus comme décalés, ou pas assez sérieux. Mais dès que vous pouvez faire de l’argent avec votre point de vue, vous êtes vu comme “brillant” et “excentrique”. Non plus comme un outsider. Vous êtes validé parce que vous avez fait de l’argent avec vos idées.

Le nouveau livre est assez similaire au premier, mais un peu plus cohérent. Il parle d’amour, et des relations entre être humains. L’ajout de texte est une idée de mon éditeur : si j’avais pu décidé, j’aurai laissé les gens deviner !

J’ai vécu dans l’état d’Indiana avec ma femme et mes filles. Et deux chats. J’aime bien regarder les émissions de télé sur la cuisine, visiter les musées et recevoir des chèques.

Sans Internet, jamais je n’aurais continué ce travail. C’est vrai, mes photos sont devenues virales parce que des gens les ont partagées sur des blogs ou par mail. Mais avant, les commentaires sur mon blog ont été aussi importants dans la création même des Bent Objects. Ma ville, Indianapolis, a récemment découvert mon travail. La plupart des visiteurs de mon blog proviennent de Londres, New York, ou d’autres endroits éloignés.

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All images © Terry Border. Bent Object of My Affection est édité par Running Press.
Plus d’articles Bent Objects sur Owni.eu.
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Une lumière crue dans la nuit de la finance http://owni.fr/2011/09/05/une-lumiere-crue-dans-la-nuit-de-la-finance/ http://owni.fr/2011/09/05/une-lumiere-crue-dans-la-nuit-de-la-finance/#comments Mon, 05 Sep 2011 09:43:40 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=71817 Le 17 septembre, les collectifs nés des mouvements sociaux et démocratiques en Espagne, en Grèce, occuperont les bourses de New-York, Madrid, Londres, Tokyo, Athènes et d’autres villes encore. C’est aussi le jour de l’arrivée des marches des indignés à Paris, commencées en Espagne au mois de juillet dernier, avant l’ultime étape bruxelloise le 8 octobre.

C’est dans ce contexte que nous vous faisons découvrir le collectif espagnol d’artistes street-art, Luz Interruptus, qui avait créée littéralement, un envol de 80 doubles pages des sections économiques des grands quotidiens nationaux, illuminées, sur les marches du palais de la Bourse de Madrid en pleine crise financière en 2009: le vent nous amène la crise.

Du recyclage à la surveillance en passant par le nucléaire ou la crise économique, Luz Interruptus se déploie à la tombée de la nuit, allumant ça et là des petites lumières à l’intention de leurs concitoyens en réaction à un thème de société ou à une actualité qui leur tient à coeur.

La police est partout ? Qu’à cela ne tienne, ils collent, en l’espace de quelques heures, de faux gyrophares fabriqués avec des verres en plastique, de la cellophane bleue et des lumières intermittentes, sur tous les toits des voitures d’une place du quartier de Malasaña. Le nom de l’installation? Tant de police, pour si peu de gens…

Ce collectif street-art a récemment monté des installations inspirées par les mouvements démocratiques du 15 mai en Espagne et dont la dernière en date, réalisée pour le festival Dockville de Hambourg, porte sur les conséquences de l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon. On peut s’attendre à ce qu’il réagissent aux prochains évènements, et embellissent des éclats de leurs créations, phosphorescentes, luminescentes et féériques les rues de Madrid ou d’autres villes d’Europe.

Sous la menace nucléaire

Avec notre mystérieuse armée de 100 personnages radioactifs illuminés, avançant de manière menaçante, sur le site en plein air du festival Dockville, nous voulions inviter à la réflexion sur l’utilisation et l’abus de l’énergie nucléaire, peu coûteuse économiquement mais qui a des effets secondaires dévastateurs et irréversibles pour l’environnement et la santé publique.

Temps d’installation: 6 jours
Dommages: aucun
Temps d’exposition: 30 jours.

Faune et flore préservée

Nous déplorons le manque d’espaces verts à Madrid, et nous avons décidé pour cette raison de partir à la recherche de ces petites plantes qui poussent timidement dans les endroits les plus inattendus. Nous voulions de manière symbolique les protéger et les préserver, ce que nous avons fait avec des petites serres portables pour les abriter de la pollution, et un troupeau d’animaux pour les accompagner.


Temps d’installation dans la rue: 5 heures.
Dommages: aucun
Temps d’exposition: plus de 12 heures

Au revoir Sol, on rentre à la maison

Le 12 juin, le mouvement du 15 mai se retirait officiellement de la place de la Puerta del Sol, passant le contrôle aux assemblées de quartier et laissant à l’endroit du campement, un point d’information, comme un phare montrant le chemin, rappelant aux indignés qu’ils pourront toujours revenir, si les circonstances se présentaient…

Durée d’installation: 2 heures
Dommages: aucun
Temps d’exposition: 1 heure

Recyclage électoral

Nous avons réalisé cette intervention le jeudi avant les élections municipales et régionales en Espagne, à un moment crucial pour notre démocratie où les gens descendaient dans la rue pour exprimer de manière pacifique leur mécontentement et leur opinion sur la classe politique qui nous a entraîné dans cette crise dont ne nous voyons pas la fin.


Temps d’installation: 5 heures.
Dommages: aucun
Temps d’exposition: + de 24 heures

La mer urbaine

Les containers de gravas des rues de Madrid sont comme des bateaux échoués entre les voitures, en attente de la marée qui ne viendra jamais les emporter vers le large.


Temps d’installation: 2 heures
Dommages: aucun
Durée de l’intervention: 24 heures


Source : Luz Interruptus
Photos de Gustavo Sanabria ©

Image de Une Marion Boucharlat

Retrouvez le dossier complet

La cote de la révolte
Occuper Wall Street et son esprit

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[Photos] Hackers sont jolies les quotes du #ccamp11 http://owni.fr/2011/08/22/photos-hackers-sont-jolies-les-quotes-du-ccamp11/ http://owni.fr/2011/08/22/photos-hackers-sont-jolies-les-quotes-du-ccamp11/#comments Mon, 22 Aug 2011 06:17:03 +0000 S. Blanc, O. Noor et JM Manach http://owni.fr/?p=76188 « I am happy. » C’est ainsi que John Gilmore a répondu à notre badine question « comment allez-vous ? », le dernier jour du Chaos Communication Camp. Le co-fondateur de l’Electronic Frontier Foundation et pionnier des logiciels libres résumait l’état d’esprit des participants du meeting géant de hackers qui s’est tenu à Finowfurt, près de Berlin, du 10 au 14 août. Comment ne pas se sentir heureux après 5 jours de rencontres avec des gens qui se font les chiens de garde des libertés numériques et, plus encore, phosphorent sur le monde de demain, dans l’environnement exceptionnel d’une ex-base soviétique transformé en musée de l’aviation à ciel ouvert, métamorphosé la nuit en discothèque géante par la grâce des spotlights, néons, boules disco et autres fumées. On passerait à côté de l’événement si on omettait de signaler la présence de drones s’élevant dans le ciel, et tant pis si certains ont fini crashés : amusez-vous et plantez-vous, qu’il disait, c’est le meilleur moyen d’avancer.

OWNI vous propose de (re)vivre cette semaine effervescente à travers un diaporama des meilleures photos en CC trouvées entre autres sur Flickr, dont celles réalisées par Ophelia Noor pour OWNI, ainsi qu’une sélection des propos les plus marquants des personnes que nous avons interviewées. Vous pourrez retrouver l’intégralité des entretiens en vidéo dans cet article.

Eric Corley, 2006 hacker quarterly

Emmanuel Goldstein est l’ennemi d’État de Big Brother dans le roman d’Orwell, l’homme que tout le monde doit haïr et qui justifie toutes les mesures sécuritaires de cet état totalitaire. C’est aussi le pseudonyme choisit par Eric Corley, figure du mouvement hacker américain et éditeur de la revue 2600.

Sur la multiplication des hackerspaces après le CCC2007 : « Il faut faire perdurer l’enthousiasme après la fin du camp. Il y a tellement de hackerspaces à travers le monde maintenant. Il y a toutes sortes de problèmes de base. Les gens communiquent ensemble et essayent de trouver des solutions pour les résoudre. Un problème qui était auparavant insurmontable ne l’est plus maintenant : financement, inscriptions, trouver un local… Toutes ces questions ont maintenant été résolues. C’est beaucoup plus simple de commencer le processus. »

« Les hackers ont toujours hacké tous types de choses : matériel, logiciels… C’est juste normal de se poser des questions, de présupposer qu’on ne nous dit pas la vérité. Contourner les règles, c’est juste une autre manière de faire les choses. »

« Non, je ne dirais pas que nous sommes plus libres qu’il y a dix ans. La vraie menace ce n’est pas tant les lois, c’est le processus mental. On pense que c’est nécessaire. Mais je pense qu’on peut contrôler ce phénomène en sensibilisant les gens. »

« Je regarde le futur comme quelque chose de foncièrement positif. Les personnes qui sont suffisamment intelligentes pour contourner le système ne représentent pas une menace mais un salut. Je suis sûr qu’avec les bonnes personnes, et il y en a plein autour de nous, on ne va pas se perdre dans une route sombre d’où on ne verrait pas la lumière. »

Attention, décollage de drone. Photo CC Flickr nylk by nc sa.

Birgitta Jónsdóttir, député islandaise

La député islandaise Birgitta Jónsdóttir est à l’origine de l’initiative Islandaise pour la Modernisation des Médias (IMMI), une résolution visant à faire de l’Islande un paradis pour la liberté d’expression, soutenue par WikiLeaks.

À propos des politiques et du numérique : « C’est vraiment inquiétant, ce manque de compréhension et cette pure hypocrisie. Les leaders occidentaux veulent que les Chinois, les Égyptiens, les Syriens ou les Iraniens se comportent d’une certaine façon, mais quand ils ont des problèmes, ils font exactement ce qu’ils dénoncent ! »

« Maintenir la liberté d’informer telle qu’elle devrait être : libre. »

« Je me considère comme une hacker “hors-ligne”, qui hacke le système en tentant de trouver les faiblesses des lois et de les améliorer pour le bien commun. »

« Et il est très important d’aider les gens à être inspirés, de les aider à co-créer leurs sociétés, et de leur donner les outils pour qu’ils y parviennent. »

« Ici, il y a une créativité incroyable, dans tous les aspects de la société, portée par des gens merveilleux. Je me sens vraiment à la maison ici. »

Macro, C-Base

Créé en 1995 à Berlin, le C-Base est un des premiers hackerspace au monde, même s’il se définit davantage comme un makerspace. Fort de 350 membres, il accueille des événements du Chaos Communication Club et des performances artistiques. Macro est leur “chef” actuel.

« Nos idées de l’époque (les 90’s, ndlr) se sont diffusées auprès d’un grand nombre de gens. »

Sur les années à venir : « Je pense qu’il sera plus “normal” de faire partie d’une communauté comme ça, que cela ne saura plus tellement “underground” ou étrange… »

Mitch Altman

Figure historique du hacking, créateur de la TV be gone, une télécommande universelle pour éteindre la télévision, fondateur du hackerspace de San Francisco Noisebridge, Mitch Altman a animé de nombreux workshops durant ce CCC11 dont un atelier soudure destiné aux enfants.

Sur le CCC 2007 : « Je ne suis pas venu ici en pensant que ça marquerait le début d’un mouvement mondial mais ça a été le cas. Trois hackers allemands ont juste fait une conférence sur comment lancer des hackerspaces. Comme nous avons prospéré, d’autres s’y sont mis et ont prospéré, et maintenant ils sont maintenant plus de 900 listés sur hackerspaces.org, tout autour du monde. »

« Ce réseau déjà existant qui va changer le monde comme jamais. »

On peut tout hacker. On peut hacker nos esprits, on peut hacker nos vies, on peut hacker la société et en faisant ça, on apprend le plus possible sur ce qui nous enthousiasme, ce que nous aimons, et nous l’améliorons et le partageons, on peut faire ça, et en le faisant nous pouvons créer plus d’opportunités, pour plus de gens de faire de meilleurs choix pour qu’ils puissent avoir des vies plus épanouissantes. »

John Gilmore

Pionnier des logiciels libres, l’Américain John Gilmore est aussi l’un des co-fondateurs de l’Electronic Frontier Foundation (EFF), la première des organisations de défense des libertés sur le Net. Il s’est aussi illustré en attaquant en justice les mesures de surveillance des passagers aériens mis en œuvre par les autorités américaines sous couvert d’anti-terrorisme.

« La liberté est un mème très puissant. »

« Votre connexion Internet sera probablement implantée sous votre peau dans 20 ans. »

« Le stockage de données se densifie à une telle vitesse qu’il sera possible d’enregistrer tout ce que vous voyez ou entendez au long de votre vie et d’en faire des archives permanentes auxquelles vous pourrez accéder. Une des choses intéressantes avec les humains, c’est qu’ils sont les seuls à pouvoir consulter leurs souvenirs. Les nouvelles technologies respecteront-elles ce principe, ou bien ouvriront-elles l’accès à ces souvenirs à d’autres ? »

« L’organisation de ces technologies et l’organisation notre propre système social pour y faire face seront les vrais défis. » « Sommes-nous assez résilients pour organiser ces systèmes ? » « À long terme, oui. La question est : combien de douleurs devons-nous endurer sur le court terme ? »

CCC soudure

Faire, refaire, défaire, à deux, quatre, six mains. Photo Christopher Schirner cc by sa.

Okhin, Telecomix

Okhin fait partie de Telecomix, qui s’est notamment fait connaître en aidant les Tunisiens et Égyptiens à se connecter à l’internet, au moyen de vieux modems téléphoniques classiques, quand leurs autorités avaient coupé, lors du Printemps arabe, l’accès au Net et au réseaux de téléphonie mobile.

« Il faut s’amuser en défendant les libertés ! Sinon, nous on ne le ferait pas. »

« Le data love est un principe très simple : nous devons aimer nos données, en prendre soin, leur donner la possibilité de se propager, de circuler, d’atteindre leurs objectifs, de ne pas être restreinte à un environnement, un endroit. C’est un peu une version hippie d’une approche de l’informatique où on ne va pas détruire mais construire avec ce que l’on a pour faire circuler des données et propager l’information et la communication partout. »

Rop Gonggrijp

Le Hollandais Rop Gonggrijp est un acteur historique de l’Internet en Europe et une figure hacker majeure. Il a, entre autres, co-fondé le premier FAI pour les particuliers, XS4ALL.

« On a atteint les limites de beaucoup de choses en même temps et nous entrons maintenant dans une ère de déclin et les sociétés vont devoir s’adapter à des circonstances qui évoluent rapidement. La résilience désigne la force et la capacité d’adaptation aux circonstances changeantes, donc une société résiliente est une société qui s’adapte bien et qui a le temps de penser qui a force intérieure utile quand une merde arrive. »

Sur l’évolution de la communauté hacker depuis 2007 : « c’est une grande communauté variée, qui comporte tous ces différents aspects : construire vos propres trucs, comprendre le monde, ça concerne la politique, ça concerne la technologie. En ce qui me concerne, c’est ce qui m’a toujours intéressé. Donc oui, dans un sens, c’est un rêve devenu réalité. »

« Même avec toutes les tentatives d’oppression que l’on voit en ce moment, faites par les gouvernements pour contrôler l’information sur Internet nous avons beaucoup de marge avant que ce soit aussi répressif dans les faits que dans les années 1980. »

James Carlson, School Factory

James Carlson a fondé School Factory, une association américaine non-lucrative qui “construit des communautés qui créent de la valeur et des espaces qui transforment l’éducation.” Hackerspaces, makerspaces, espaces de co-working, avec School Factory, l’esprit hacker souffle dans l’école.

« Les hackers peuvent changer la façon dont l’éducation fonctionne en utilisant les valeurs communautaires qu’ils ont créées la collaboration, le travail manuel pour créer différentes choses et aussi un élément de la culture hacker qui dit que que nous pouvons apprendre de nos échecs. Si l’école et l’éducation pouvaient tirer profit de la valeur de l’échec et l’utiliser comme outil pédagogique elles seraient plus efficaces. »

« Les hackers et les makerspaces sont les écoles du futur, des gens de tous âges s’instruisant ensemble sur des sujets qui les passionnent et partageant leurs expériences et leurs erreurs. »

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