OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’agence tous leaks http://owni.fr/2012/08/29/lagence-tous-leaks/ http://owni.fr/2012/08/29/lagence-tous-leaks/#comments Wed, 29 Aug 2012 16:49:26 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=119045 "son propre média", selon la recette éprouvée de WikiLeaks.]]>

L’aventure de WikiLeaks se poursuit, et pas seulement avec les imbroglios judiciaires et diplomatiques de son fondateur Julian Assange. Des projets similaires se multiplient. L’année dernière était lancé Open Leaks par Daniel Domscheit-Berg, une ancienne figure de l’organisation de Julian Assange. Sans grands résultats à ce jour.

Anonymous dans le pré de WikiLeaks

Anonymous dans le pré de WikiLeaks

Des collectifs d'Anonymous aussi ont leur propre plateforme de diffusion d'informations confidentielles, leur WikiLeaks sauce ...

Des plateformes de recueil d’informations confidentielles ont été déclinées dans plusieurs pays (French Leaks, MagyarLeaks) et sur différents sujets (EnviroLeaks). La bannière Anonymous flotte même sur une autre déclinaison, Par:noia.

Lanceurs d’alerte

Des initiatives intéressantes qui n’ont pas satisfait Pedro Noel, un activiste brésilien venu du mouvement Occupy, et ancien de “WikiLeaks Central”. Il fait partie des fondateurs de l’Associated Whistleblowing Press (AWP), un collectif qui vient de lancer son site – whistle.is. Un projet ambitieux au nom évocateur : le nom de la célèbre agence américaine – Associated Press – est saupoudrée d’une composante de “lancement d’alerte” (whistleblowing en VO). AWP s’inspire des réussites comme des échecs de WikiLeaks, explique Pedro Noel, joint par chat :

Nous ne voulons pas être des rivaux de WikiLeaks. Nous sommes simplement plusieurs personnes à avoir quitté WikiLeaks Central pour lancer un autre projet, car c’est devenu un portail pour les médias très centré sur Assange et WikiLeaks.

AWP veut être son propre média. L’équipe est composée d’environ six éditeurs, dont les deux fondateurs, Pedro Noel donc, et Santiago Carrion. Le site est hébergé en Islande, un pays “qui se bat pour fournir aux éditeurs, journalistes et lanceurs d’alerte un cadre légal protecteur”. Au sein de AWP, les rôles tourneront. Pedro Noel est rédacteur en chef pour le moment, mais ne devrait pas le rester. Les décisions sont prises de façon concertée, en respect de la philosophie hacktiviste.

Le collectif veut englober toute la chaîne de diffusion d’informations confidentielles (les leaks). Depuis la récolte via une plateforme sécurisée jusqu’au traitement des données et leur publication. Une réaction aux “médias commerciaux” pour lesquels AWP affiche une forte défiance. Sur leur site, ils écrivent :

La censure est pratiquée de façon quotidienne dans les médias de masse – des informations cruciales sont négligées, l’apathie est encouragée. Tout est fait pour maintenir ou augmenter la puissance des propriétaires des médias ainsi que le milieu socio-économique auquel ils appartiennent. Est alors affectée la nature même du journalisme : fournir des informations impartiales, justes pour que les citoyens soient gouvernés correctement.

Les mots sont durs, mais dans les faits, AWP ne considère pas “les médias commerciaux” de façon indiscriminée. Plusieurs grands journaux européens ont été contactés pour établir des partenariats, encore à l’étude. Des raisons plus pragmatiques expliquent cette méfiance. Les fondateurs avouent avoir été déçus par le traitement des leaks, par les médias ou WikiLeaks, et par leur impact parfois limité.

“Les moyens actuels pour publier les données fuitées sont très inefficaces” déplorent-ils dans la présentation de leur site. “La diffusion d’informations confidentielles continue de dépendre des médias commerciaux pour combler le vide entre les données brutes et les véritables infos.”

“Aider les communautés”

L’ambition est de revenir à des niveaux plus modestes, ne pas forcément chercher à faire trembler la terre entière mais privilégier un impact plus local et plus direct. La plateforme sécurisée d’AWP se déclinera en plusieurs plateformes régionales, locales. “Il faut convaincre les gens de faire fuiter tout ce qui touche à la vie de la cité, public ou privé” détaille un journaliste intéressé par l’aventure.

Là encore point une distinction nette avec WikiLeaks : “C’est un problème que des organisations comme WikiLeaks soient très centrées sur le monde anglo-saxon et ne révèlent des informations que d’intérêt mondial et souvent en lien avec les États-Unis” explique Pedro Noel. “Nous voulons AIDER les communautés” assène-t-il.

Dans l’idéal, les plateformes locales permettront à des membres d’une mairie ou d’une entreprise, même petite, de transmettre en toute discrétion des documents que des journalistes du coin traiteront. Dans l’idéal seulement. Les éditeurs contrôlent les informations du début à la fin, et pourraient choisir d’en favoriser certaines. Le mélange des genres entre activistes, blogueurs et journalistes fait aussi craindre que AWP se transforme en un site militant, tout feu tout flamme. Un temps, l’équipe avait pensé au nom de domaine dénoncer.fr, avant qu’un membre français de l’équipe rappelle la forte charge symbolique du terme.


Illustration la galerie Flickr de Truthout [CC-byncsa]

Mise à jour, 30 août, à 16h : AWP a précisé qu’ils avaient des liens avec WikiLeaks Central, et non WikiLeaks.

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La campagne des commandos américains http://owni.fr/2012/08/28/secret-commandos-americains-campagne-obama-navy-seal/ http://owni.fr/2012/08/28/secret-commandos-americains-campagne-obama-navy-seal/#comments Tue, 28 Aug 2012 12:03:52 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=118834 "devrait fermer sa gueule" assènent-ils. Un autre commando publiera prochainement son récit du raid contre Ben Laden. Ces troupes habituées à la discrétion entrent en campagne, placée sous le signe des vraies et des fausses fuites. ]]>

Entrainement des Navy Seals (2010) (cc)

D’ordinaire, ils sont connus pour leur discrétion. Les commandos marine américains des Navy SEALs sont aujourd’hui sous le feu des projecteurs. Obama en a fait le pivot de sa guerre contre le terrorisme. Contrairement à son prédécesseur, le président démocrate a tout fait pour accélérer le retrait des troupes engagées dans de vastes opérations extérieures. Il a préféré les frappes de drones menées clandestinement par la CIA et les actions ciblées de ses troupes d’élite. Ainsi fut exécuté par les Navy SEALs le raid victorieux contre Oussama Ben Laden, le 2 mai 2011.

À trois mois de l’élection présidentielle, voilà que la clé de voûte de la lutte contre le terrorisme est ébranlée. Tous les ingrédients sont réunis. Prises de parole incontrôlées des commandos, répliques du commandement, provocation d’Al-Qaïda. Le tout créant un étonnant brouhaha de campagne, ouvertement alimenté par les Républicains et discrètement nourri par les adeptes des Tea Party.

“Indignes révélations”

L’élection présidentielle du 6 novembre approchant, les épisodes se multiplient. Le mois d’août en a connu deux, et non des moindres. Une vidéo de 20 minutes est mise en ligne le 13 août, Dishonorable disclosures (“Indignes révélations”), par l’association de vétérans OpSec, pour Operational Security. Présenté comme non-partisan, le vrai-faux documentaire met gravement Obama en accusation : par ses révélations directes (annonce du raid contre Ben Laden) et indirectes supposées sur Stuxnet et le programme clandestin de frappes de drones (Kill List), il aurait mis en danger la vie de forces spéciales, et la sécurité nationale américaine.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les révélations sur le programme Olympic Games, qui a donné naissance aux logiciels malveillants Stuxnet et Flame, et sur la Kill List sont parues début juin dans le New York Times. Pour les auteurs, Obama a organisé les fuites, sans aucun doute : “L’administation a fait volontairement fuiter l’existence de Stuxnet, permettant ainsi à l’ennemi d’en savoir plus sur nos opérations et nos secrets.” Aucune des personnes interrogées – agents de la CIA en retraite, anciens des forces spéciales et même un général – ne pardonne à Obama d’avoir ainsi sacrifié ces victoires militaires sur l’autel de sa réussite politique. De concert, ils assènent, à l’instar du Général Paul Vellely :

Avec tout le respect qui vous est dû, Monsieur le Président, nous avons besoin que vous gardiez vos lèvres closes et que vous la fermiez quand il s’agit “d’operational security”. Comme disent les SEALs, nous agissons, nous ne parlons pas.

La vidéo, léchée sur la forme, rappelle de plus anciens griefs. La réalisatrice Kathryn Bigelow a eu accès à des documents classifiés pour sa fiction retraçant la traque de Ben Laden. Un film annoncé en salles après l’élection du 6 novembre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

OpSec ne survole pas autant les clivages politiques qu’il le prétend. Selon le New York Times, le groupe partage les mêmes locaux qu’une entreprise de consulting républicaine, le Trailblazer Group à Alexandria, en Virginie. Le porte-parole des SEALs effarouchés d’OpSec n’est autre que Chad Kolton, ancien de l’équipe contre-terrorisme de Bush, qui a invoqué des dispositions légales pour ne pas révéler les sources de financement du groupe. Quant aux participants, certains sont très marqués politiquement. Ainsi de Benjamin “Ben” Smith, figure connue du mouvement des Tea Party, qui n’a pas de mot assez dur – ni d’expression assez théâtrale – contre Obama : “Monsieur le Président, vous n’avez pas tué Oussama Ben Laden, l’Amérique l’a fait.”

Servir le Président

La prise de parole impromptue d’officiers n’a pas été du goût du commandement. Dans un courrier adressé à ses troupes que s’est procuré Foreign Policy, l’amiral à la tête du Special Operation Command (Socom), William McRaven bat le rappel.

Je suis inquiet par cette tendance grandissante à utiliser la marque des opérations spéciales, les SEALs, symboles et noms, dans des campagnes politiques ou visant des intérêts spécifiques. [Le Special Operation Command] ne soutient aucun point de vue politique, aucune opinion ou intérêt spécifique. Notre promesse au peuple américain en tant que militaire est d’être non-partisan, apolitique et de servir le Président des États-Unis sans égard pour son parti politique.

L’amiral a lui-même été l’objet de critiques après avoir accordé fin juillet une interview à CNN dans laquelle il évoquait l’opération contre Ben Laden. Il avait rendu un hommage appuyé à Obama et à son équipe, “qui avaient agi de façon formidable du début à la fin”.

Un Navy SEAL a cru bon de raconter lui aussi le raid contre Ben Laden. En détails. Sur CNN, l’amiral McRaven s’autocensurait autant que faire ce pouvait, déclenchant les rires du public. Le membre de la Team 6 qui a participé au raid contre Ben Laden va lui publier son témoignage in extenso, le 11 septembre. “No Easy Day: The Firsthand Account of the Mission That Killed Osama bin Laden” (“Rien n’est facile : le compte-rendu de première main de la mission qui a tué Oussama Ben Laden”) est écrit sous pseudo, Mark Owen, et les noms des protagonistes ont été modifiés. Sans grand succès. Quelques jours après l’annonce de sa sortie, Fox News publie le véritable nom de l’auteur, Matt Bissonnette selon “plusieurs sources” de la chaine d’information proche des conservateurs.

Les réactions de Navy SEALs, anonymes, ne sont pas tendres à l’égard de celui que certains appellent “un traitre”. Le porte-parole du Socom, le colonel Tim Nye, a dit ses inquiétudes à Fox News : “[il] s’est mis en danger tout seul”. Il a fallu deux jours. Un site officiel d’Al Qaida a publié vendredi une photographie de Matt Bissonnette avec son nom et cette légende :

Le chien qui a tué le cheikh martyr Oussama Ben Laden.

L’auteur du livre pourrait aussi être poursuivi, comme l’a indiqué le porte-parole de la Navy : “Tout membre du service qui révèle des informations classifiées ou sensibles peut être poursuivi. Cette disposition ne prend pas fin après le départ du service.” D’autant que l’administration Obama est plus que familière des poursuites contre les bavards, lanceurs d’alerte ou whistleblower en langue originale. Six fonctionnaires ont été poursuivis pendant son mandat placé du début à la fin sous le signe des fuites (“leaks”) subies, orchestrées ou combattues. Dès juin, le procureur général avait demandé qu’une enquête soit ouverte contre OpSec.


Photo via la galerie de HonorableGerman [CC-by]

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